vendredi 21 décembre 2012

Le jour "J"


Lorsqu’on vous dit que vous allez être convoqué à l’ambassade américaine, vous imaginez quelque chose comme ça :

Un joli bâtiment avec un drapeau sur le fronton et des gardes en uniforme.

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, arrivée sur les lieux, je me retrouvai en face de Guantanamo ! Un complexe gigantesque, entouré de plusieurs rangées de grilles et des postes de contrôle à l’entrée ! Il ne manquait plus que les types en treillis avec leur kalachnikov et on se serait cru à Bagdad !

D’ailleurs, sur le plan parano ils font forts ! Dans l’enceinte de l’ambassade les téléphones portables, les lecteurs MP3, les clés USB et les coupes ongles sont interdits ! Moi j’avais soigneusement tout laissé à l’hôtel et ben bing ! Je passe aux rayons X et là ils découvrent un objet terrible, capable de vous provoquer une explosion par réaction en chaine, voir même une guerre civile : le CD de mon bouquin d’anglais ! (C’est vrai que les trois exos sur la third conditional s’apparentent plutôt à un message codé chinois…)

Enfin bon, à part l’incident du CD rien de grave à signaler. Je rentre et là, surprise ! Je me retrouve dans une salle immense avec un ticket qui indique W613 (comme chez le boucher) et des petits parloirs (comme à la billetterie de n’importe quelle gare de train). Je panique ! Moi qui suis déjà stressée par principe, je réalise que je ne vais pas pouvoir m’asseoir pendant « l’Interview ». Comment vais-je gérer la tremblote ?   

Je m’installe et j’observe. À la fenêtre 21 il y a une fonctionnaire qui n’a pas l’air commode du tout. Elle révise un dossier d’un air qui veut dire : « c’est quoi ce dossier de mer…credi ?... Ils croient quoi les gens ? Qu’on peut immigrer aux States comme ça ! ». Je prie (oui oui, je peux faire ça parfois) pour que ce ne soit pas le miens. Mes prières sont entendues ! Une femme d’environ 35 ans est appelée. Elle discute quelques minutes. La fonctionnaire semble dire : « non, non, non. Ça ne va pas, ça ne va pas ! Ce n’est pas possible etc. », plus elle fait « non, non » avec la tête, plus je pense à mon dossier… vont-ils me faire pareil ? Et là, tout d’un coup, ni une ni deux on entend : « DILIIIIING ! Nummer W-6-1-3, Schalter 21 »… c’est moiiiiiiiiiiiiiiii ! Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! Ihhhhhhhhhhhhhhh ! Panique à bordddddddddddd ! Je rassemble mes affaires et j’y vais complètement paniquée ! Le type est super sympa ! Je me détends, il me demande juste de vérifier mes informations. Est-ce que je m’appelle bien Sandriné ? Est-ce que ma mère s’appelle bien Marie A-A-A-Adora-ra-ra… MOI : « Oui, Marie Adoracion » avec l’accent français (… essayons de ne pas créer plus de confusions qu’il n’en faut. Je suis déjà une française qui veut se marier avec un américain en passant par le consulat en Allemagne…). C’est facile ! Il prend mes empruntes qu’il trouve magnifiques (dixit) et c’est fini ! Maintenant je n’ai plus qu’à attendre…

Voici les brioches allemandes
en forme de cochon
pour ceux qui
ne me croyaient pas
J’attends… J’attends… J’attends… plus j’attends, plus je me rends compte qu’il n’y a qu’un seul type qui fait passer les entretiens : fenêtre 17… et plus j’attends et plus je me rends compte que depuis que j’attends, le numéro W607 est le seul à être passé et est encore collé à la fenêtre 17… donc en gros c’est une ½ heure pour chaque numéro… euh pardon !... personne,… et nous en sommes au numéro W607… ça fait donc 5 personnes devant moi… ah oui… ben heureusement que j’ai discrètement glissé un petit cochon en brioche dans mon sac pendant que je prenais mon petit dèj' à l’hôtel. (Comme toutes, ou presque, les brioches allemandes, c’est cossu, mignon mais c’est vraiment dégueulasse ! cf: photo). Je constate aussi que les autres femmes sont venus avec, au choix, un mari/fiancé américain, ou un bébé… ça leur fait quand même vachement plus de preuves que moi ! Les bébés commencent d’ailleurs à péter un câble après 45 minutes… c’est-à-dire qu’il n’y a pas grand-chose à faire… Puis il y a ce couple qui tout d’un coup est appelé à la fenêtre 17. Le fonctionnaire demande à voir l’enfant… (et là je panique… alors eux ils ont un enfant à montrer au consul et moi j’ai… un contrat de location écrit à la main, une vingtaine de photos non datées et des extraits de comptes en banque… ben on a pas l’air con !). Le bébé, qui n’a évidemment pas compris la portée de l’évènement, s’amuse à faire coucou et high-five au consul en cravate au travers de la vitre ! Et là j’ai finalement pas tellement regretté ne pas avoir de bébé…

Sans prévenir, alors qu’on en était au numéro W610, le numéro W612 est appelé… ahhhhhhhhhhhhhhhhh ! C’est à moi aprèsssssssssssssssssss ! Ihhhhhhhhhhhhhhhh ! Ahhhhhhhhhhhhhh ! Je ferme mon livre d’anglais, dépourvu de CD, que de toute façon je n’arrivais pas à lire ; je revérifie pour la 50 millième fois que tous mes papiers sont en ordre ; je mets mon sac sous le bras droit et mon manteau sous le bras gauche ; j’arrête de respirer (c’est un réflexe quand je suis stressée…) ; tous mes sens se mettent à l’affût ; mon cœur s’emballe et… (Après 30 minutes)… « DILIIIIING ! Nummer W-6-1-1, Schalter 17 », je me lève d’un bon par réflexe et… je me rassois puisqu’ils ont finalement appelé le numéro W611 qu’ils avaient oublié avant… Ah bravo ! On recommence !!!!!

C’était terrible ! Le type à la fenêtre faisait de grands gestes et « non, non » avec la tête. On entendait la dame dire des choses en faisant de grands gestes aussi. Elle feuilletait dans son dossier et montrer des documents complémentaires… tout ce petit cinéma a bien duré 30 minutes puis le consul lui a finalement donné le fameux papier jaune… le papier jaune c’est un papier qu’on vous donne quand votre visa est refusé… et là je me suis dit qu’ils avaient laissé les « refusés » pour la fin…. Je suis tellement traumatisée que j’en oublie d’arrêter de respirer !

« DILIIIIING ! Nummer W-6-1-3, Schalter 17 » aaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!! C’est à moiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!!!!!!!!!!! ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! Je me lève d’un bon, mon manteau tombe, j’hésite à le laisser parterre, finalement je le ramasse et je vais au guichet 17 avec mon écharpe qui traine parterre… j’arrive, je n’ai même pas le temps d’installer mes affaires sur le présentoir, « ni bonjour, ni mer…credi » comme on dit en français et :

Le type en cravate : « Comment se prononce votre last name ? »

Moi : (J’hésite une demi-seconde, je confonds toujours mon first et mon last name…) « DRUON ! D_R_U_O_N »
Le type: "Levez la main droite (euh! attends! droite c'est celle avec laquelle on écrit... donc... oui,c'est bon!). Jurez-vous que toutes les informations contenues dans ce dossier et toutes celles que vous allez donner au cours de cet entretien sont exactes?"
Moi: (avec la main droite, celle avec laquelle on écrit, levée) "Yes... (Yes, I do?... yes, I am?... yes, I will?...???? bon ben yes tout court ça ira!)
Le type : « Où avez-vous rencontré votre fiancé ? Quel était son travail à ce moment ? Êtes-vous déjà allée aux USA ? Quand êtes-vous allée aux USA ? (les questions s’enchainent et se répètent parfois avec un rythme incroyable. Le type semble ne pas écouter les réponses et ne fait que penser aux questions qu’il va me poser) Pourquoi vous avez fait votre demande ici ? »

Moi : (là pour le coup je ne comprends pas la question… pourquoi je demande mon visa ici ? vous n’êtes pas l’ambassade des États-Unis peut-être ? D’habitude les gens demandent leurs visas chez la boulangère ou à la sécu?) « I’m sorry ? »

Le type : « Pourquoi avez-vous fait votre demande de visa en Allemagne alors que vous êtes française ? »

Moi : (ah! OK !) « parce que je vis et je travaille ici »

Le type : « Quand est-ce que votre petit ami est parti ? Quand êtes-vous allée aux USA (bon c’est bon, il va me la poser combien de fois celle-là ?) ? Que faites-vous comme travail ? Quand êtes-vous allée aux USA ( !!!!!!) ? Quel travail exerçait votre fiancé en Allemagne ? Quand a-t-il quitté l’Allemagne ( !)?

Et là tout d’un coup sans prévenir, le type qui avait plus l’air d’un robot que d’un être humain et qui ne m’avait pas regardé une seule fois dans les yeux depuis le début, affiche un énorme sourire et me dit : « CONGRATULATIONS ! Votre demande de visa a été « approuvée » ! Vous recevrez votre visa dans une dizaine de jour à votre domicile. CONGRATULATIONS pour votre mariage et bonne chance aux USA ! »

Moi : (dans ma tête : iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! iiiiiiiiiiiiiiiihh !!!!!!!! iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!) « Thank you !.... yes… Thank you !....yes, yes…. Thank you…. Have a nice day too…. Thank you…..” (iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh)

Conclusion de l’histoire: iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

jeudi 20 décembre 2012

Les coulisses d’un entretien pour le visa K-1… le point de vue des victimes…

J’écris en direct du train qui me conduit vers cette terrible, horrible, je dirais même awful étape du visa K-1: l’ENTRETIEN aussi appelé INTERVIEW en anglais ou en français cool et moderne.
Certains penseront : « Waouh ! Les allemands sont vachement à la pointe avec leur wifi gratuit dans le train ! », D’autres, s’étonneront : « Waouh ! Sandrine est super high-tech, elle a acheté un smart phone qui se connecte tout seul  à Internet ! »… Eh ben non ! Ni moi, ni les trains allemands n’avons encore compris que nous ne sommes plus au XXème siècle, c’est juste que je suis en train d’écrire au stylo sur des petites fiches blanches… Ce n’est pas très moderne, certes ! mais c’est très romantique (sauf évidemment quand les petites fiches tombent et se mélangent ou alors que votre voisin donne un petit coup de coude à votre café).
Bref, laissons ces considérations de côté et revenons à nos moutons. Je suis beaucoup moins stressée que ce matin et je vous avoue que je ne comprends pas comment c’est possible. Revenons donc à ce matin :
Ce matin donc, je me suis réveillée avec un torticolis terrible et tout le stress de l’entretien sur les épaules. Je me suis levée stressée, j’ai déjeuné stressée, j’ai pédalé stressée, je suis arrivée stressée au boulot… et j’ai eu le malheur d’ouvrir ma boîte mail ! Ce n’est pas de ma faute ! Je n’ai pas fait exprès ! Je devais imprimer un truc pour mon 1er cours de la journée… et puis j’ai vu un mail de Mike qui s’intitulait « travail »… « Rien de grave ! » me direz-vous ; oui mais voilà, pour comprendre nous devons revenir en arrière :

Le 17 ou le 18 septembre 2012, Mike s’envolait pour THE States bien malheureux de me laisser là, mais bien content aussi de troquer ses élèves allemands (élèves muets ou presque ce qui est bien embêtant dans un cours de langue) [cf: photo de gauche] pour des latinossss danseur de salsa et amateurs de burritos ! [cf: photo de droite] Oui mais voilà, ceux-là, aux USA se sont les pauvres…pas d’argent pour s’offrir un cours d’anglais à Denver ! Mais alors, qui peut se le permettre ? Et bien les Saoudiens ! Le problème des Saoudiens c’est qu’ils sont très riches et comme ils sont très riches ils se fichent pas mal du cours et du prof… donc à part quelques éléments positifs, le reste des élèves est exécrable ! Et non seulement ils le sont mais en plus ils se plaignent... du prof… aux chefs !
Alors quand j’ai vu le mail intitulé «travail » ce matin, j’ai tout de suite compris… ce n’était certainement pas une bonne nouvelle…Je n’aurais pas dû mais, curiosité oblige, j’ai ouvert le mail et là, la nouvelle est tombée 10 minutes avant mon cours, 24h00 avant ce fameux entretien, 1 mois avant mon expatriation : Mon copain, futur mari, le seul qui travaillera les 3 prochains mois (si tout va bien), venait de perdre son travail…
 
Mon état est passé du stress qui rend toute victoire plus savoureuse à celui du désespoir… j’ai eu 10 minutes pour encaisser puis je me suis dirigée vers ma salle de classe, j’ai souri, j’ai ouvert la porte et j’ai fait un super cours parce que, contrairement aux élèves, on ne peut pas se permettre d’être occasionnellement mal lunés.
J’ai été sur les nerfs toutes la journée, au bord des larmes parfois et puis... j’ai pris un bain chaud, ou c'est peut-être le verre de vin que j'ai bu avec une copine avant de partir, ou l'effet de la nuit et du voyage en train... mais maintenant, je vais bien tout va bien! Je n'ai plus mal au dos.
C'est un MIRACLE ! 
 Je suis dans le train qui m'emmène vers ce terrible entretien mais je me sens bien. Et je dirais même mieux: demain, j’en suis sûre, je vais cartonner:
« M’expatrier aux USA?… yes, I can !... wellmaybe ».
 

jeudi 13 décembre 2012

Faire du camping aux USA USA USA!


           Quand mon petit-ami (qui n’a rien de petit d’ailleurs…1m92) m'a proposé de partir faire du camping quelques jours dans le Wyoming (c’est un État dépeuplé des États-Unis), moi, petite bourgeoise du centre-ville qui aime les talons hauts et les bains chauds, j'ai pensé: « bof ! ». Seulement voilà, il m'avait promis un concert, une conférence sur les étoiles à l’occasion de la nuit des étoiles au coin du feu et tout plein d’amis autour… alors, j'ai accepté

Le camping pour les européens, c’est ça :


Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, arrivée sur les lieux (en jupe et talons hauts), je me suis retrouvée face à ça :




Il n’y a pas de mot… sauf peut-être des questions :

1. Où sont les gens ?

2. Où sont les toilettes ?

3. Où sont les douches, les restaurants et les discothèques ?

4. Où sont les arbres (40 degrés en plein désert) ?

5. Mike ? C’est moi ou il n’y a pas de rivière ?

Alors voilà, si un jour on vous propose d’aller faire du camping aux États-Unis, préparez-vous comme si vous deviez participer à Koh Lanta (sans la mer et les rations de riz quotidiennes).



        Que fait-on, ou plutôt, que font les américains lorsqu’ils font du « camping » ?

                  a) Il y a l’option citadine… la méditation :

Moi qui suis normalement de nature très énergique et extravertie, après le choc de la découverte du « camping », je dois dire que ça m’a fait du bien.

                  b) Il y a l'option américaine... manger du Ketchup:

Bon allez ! C’est cliché ! J’exagère ! Le ketchup ne se mange pas tout seul… il faut aussi l’indispensable : talalala (suspense) :
BARBECUE PORTABLE !!!!

               c) et enfin il y a l'option... inqualifiable... le lancer de pommes de terre...


Comme son nom l’indique, le lancer de pommes de terre consiste à lancer des pommes de terre à l’aide d’une machine fabriquée à cet effet. Vous placez une pomme de terre dans le tuyau, vous remplissez l’embout de gaz je crois, puis vous appuyez sur la gâchette… La patate part à des dizaines de mètres à une vitesse fulgurante !
Évidemment, en bonne petite européenne habituée aux fortes densités, je me suis quand même inquiétée de savoir si ce n’était pas dangereux de lancer des patates comme ça dans la nature (si vous faites ca à Pau, même en pleine campagne, vous risquez d’assommer une vache, voir un papi qui passe par là !). Mais dans le Wyoming évidemment, il n’y a pas de risque :




mercredi 12 décembre 2012

La Nouvelle Orleans: Le quartier Pigalle de la Belle Epoque?



Le quartier n’offre pas, à première vue, ce qu’on attendait de lui. L’architecture, certes originale, n’impressionnera pas les voyageurs européens. Les touristes seront d’abord frappés par la saleté des lieux, les fortes odeurs et les clochards. Le long de Bourbon Street, les stripteaseuses, au corps abimé par la nuit et l’alcool, aguichent jour et nuit les passants. Bref, on est loin des banlieues chiques de la « middle class » et pourtant on se laisse prendre.

Le French Quarter se veut le symbole de la contre-culture américaine : sexe, alcool et marginalité se concentrent dans les quelques rues du centre où tout est permis…ou presque. Les bars sont fumeurs, les fêtards boivent ostensiblement de l’alcool en pleine rue, les filles à demi-nues des boites à striptease rappellent les prostitués d’antan.

Le French Quarter vaut sans aucun doute le coup d’œil ! Voilà une façon originale de voyager à la découverte de « l’autre Amérique »… sans risquer sa peau… Et c’est bien là où ça coince ! Certes, on ne s’ennuie pas à Bourbon Street, mais tout est fait pour attirer le jeune américain lassé de la monotonie de son quartier de banlieue. L’espace d’un week-end il aura l’impression d’avoir envoyé promené tout le poids du puritanisme de la classe moyenne. Mais les transgressions restent gentillettes : pas de drogue, pas de prostitution, pas de bandes ni de truands et surtout des policiers à tous les coins de rue. L’ambiance est souvent surfaite et le quartier n’a que l’apparence de ce qu’il prétend être.

Malgré tout, de tous les endroits visités aux États-Unis, La nouvelles Orléans et le French Quarter sont surement ceux qui m’ont le plus marqués. Le vieux Pigalle n’a rien à envié à son petit et pâle héritier, mais les bobos et riches proprios du quartier parisien devraient en prendre de la graine : propreté, morale et transgression de font pas bon ménage.

To "bake" a Visa


Lorsque vous dites à un citoyen français que vous voulez partir vivre et travailler aux États-Unis, sa première réaction est de l’ordre du« quoiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ???? » « Tu n’as pas vu le denier film de Michael Moore ???? » ou « Tu sais qu’ils n’ont toujours pas aboli la peine de mort !!!! »… Bref, un citoyen français pensera à tous les inconvénients de la vie aux États-Unis sauf… aux démarches qui permettent effectivement d’endurer les terribles souffrances de l’American dream.

Pour vivre aux États-Unis, il faut déjà pouvoir y aller. Et ce n’est pas une mince affaire !

Monsieur François Hollande aura beau rappeler dans ses discours « Nous ne sommes pas n’importe quel pays, nous sommes la France », les immigrants gallois sont traités exactement de la même façon que les autres.

Constituer un dossier d’immigration

La première chose à faire pour immigrer, c’est de trouver un mari américain… ce n’est pas toujours simple. Les maris (ou futur maris) américains ne savent pas utiliser une fourchette correctement, ils pensent que le pain blanc (c’est-à-dire tous les pains français) est mauvais pour la santé, ils ne comprennent pas que l’on puisse parler de politique sans se fâcher et ils considèrent Michael Jackson comme le meilleur artiste de tous les temps. Mais une fois que vous avez compris que votre petit-ami américain n’est pas français, tout est plus acceptable.

Une fois que vous avez l’américain et que vous avez renoncé à lui faire apprécier le vin rouge, le café et les discussions interminables entre amis, vous pouvez décider de demander au FBI l’autorisation de vous marier. Le FBI c’est un peu comme une belle-mère : il veut tout savoir sur tout, vous trouve suspect par principe et se braque sur des détails. Le FBI est aussi très exigeant, il veut la preuve que vous avez effectivement une relation avec votre américain :

1. Il vous faudra alors réunir les photos que vous avez prises depuis le début de votre relation (bon ça c’est facile !)

2. Imprimez des mails que vous avez envoyés ou qu’on vous a envoyés et dans lesquels il est fait explicitement référence à votre relation. Ça n’a pas l’air comme ça mais ce n’est pas si simple. Entre ceux que vous avez effacés, ceux qui parlent de votre dernière dispute (on est toujours plus volubile quand les choses ne tournent pas rond) et ceux dans lesquels, après vous être longuement épanché sur l’amour que vous vous vouez l’un pour l’autre, votre fiancé décrit avec naïveté et enthousiasme l’impressionnante culture de plante de cannabis que son meilleur ami cache dans le sous-sol… et bien il ne reste pas grand-chose !

3. Joingnez au dossier les contrats des appartements que vous avez loués (… euh ils sont où déjà ? Ah oui ! On n’en avait pas, en Italie tout se fait au black !), les contrats de travail des entreprises dans lesquelles vous avez travaillé ensemble (et là catastrophe ! Le contrat ayant été signé un mois après un déménagement, nous avons Mike qui déclare vivre au centre de Turin et moi dans un autre quartier…), les billets d’avion que vous avez acheté pour vos dernières vacances en amoureux (qu’on a bien évidemment jeté).

4. Demandez à vos amis et à votre famille d’écrire des rédactions, en anglais si possible pour éviter d’avoir à les traduire, dans lesquelles ils doivent expliquer ce qu’ils savent de votre relation et jurer dire toute la vérité, rien que la vérité sous peine de terribles punitions.

Vous y ajoutez quelques formulaires incompréhensibles et un chèque de 340 $. Traduisez le tout à l’anglais et vous obtenez un dossier complet !

La réponse arrive trois mois plus tard…

La deuxième étape

Une fois que votre belle-mère, euh pardon ! Le FBI a « approuvé » votre dossier, il le transmet à l’ambassade américaine du coin… donc à Frankfurt pour moi. Et là… la folie commence !

Vous êtes dirigé vers un site Internet dans lequel on vous « explique » ce que vous devez faire. Je ne sais pas qui a écrit le site de Frankfurt mais apparemment c’est quelqu’un qui n’a jamais dû constituer un dossier d’immigration… ni d’ailleurs un dossier tout court ! Bref, c’est incompréhensible ! Divisé en trois étapes, ils vous disent que vous devez envoyer les papiers de la première étape mais ce sont les mêmes papiers que dans la troisième étape, mais les papiers de la troisième étape ne doivent pas être envoyés avant ladite première étape, et si par malheur vous sautez la deuxième étape avant d’envoyer les papiers de la première étape qui sont aussi ceux de la troisième étape, et bien votre dossier souffrira de terribles retards ! Même notre avocat en a perdu son anglais !

Pour éviter tout problème nous avons décidé d’envoyer la première et la troisième étape en même temps…

Pour se faire vous devez

1. remplir des formulaires abracadabrantesques : liste de tous vos employeurs depuis cinq ans… (cool je suis free-lance donc j’ai environ 50 000 employeurs….),liste de toutes les écoles, universités, formations etc. dans lesquelles vous avez étudié avec les adresses et les numéros de téléphone ; adresse à laquelle vous allez vivre aux USA… (et comme vous n’y vivez pas encore… comment que vous la connaissez cette adresse ?)… Noms et prénoms de vos parents…(ça aurait dû être simple mais voilà ma mère est connue sous différents prénoms : Maria-Adoración (avec accent sur le o) pour Francisco Franco en Espagne, Marie pour l’administration française, Dori pour les intimes (français), Dorita pour la famille (espagnole), Doritaaaaaaaaaaaaa chez ma grand-mère et Marie Adoracion (sans accent sur le o) dans mon extrait d’acte de naissance que je dois envoyer avec le formulaire… bref, comment vais-je faire pour expliquer au FBI que je ne sais pas comment s’appelle ma mère ?... Ah et j’oubliais : liste de toutes les associations, organisations, syndicats et partis politiques auxquels vous avez appartenu… Aïe ! Le coup du« Mouvement des jeunesses socialistes » ça ne va peut-être pas le faire chez l’oncle Sam… Ensuite ils vous posent ces terribles questions du genre : avez-vous participé à un génocide ? Souhaitez-vous entrer sur le territoire américain pour faire exploser une bombe terroriste ? Êtes-vous un dealer de drogues ? Entendez-vous entrer aux USA pour commettre des crimes ? Vos parents sont-ils des membres d’une organisation de trafic d’êtres humains ? Etc. Etc.

2. trouver un « affidavit of support », c’est-à-dire quelqu’un qui signe un papier comme quoi si vous devenez une charge publique, il paiera pour vous. Arrêtons-nous deux minutes là-dessus : qu’est-ce qu’une charge publique ? En France on le traduirait par RSA (ancien RMI), APL, Carte de transport gratuite ou presque, CMU et tout le tralala. Ah oui mais… aux USA, ça n’existe pas ! Et non, le FBI a juste peur que vous deveniez pauvre et que vous demandiez au gouvernement des « coupons »… qu’est-ce ? Les« coupons » (prononcez le ssss final) sont des coupons (en français) qui vous permettent d’acheter de la bouffe dégeuelasse dans des supermarchés type LIDL ou Leader Price mais en pire… donc question à la con : pourquoi une française, c’est-à-dire, quelqu’un qui appartient à un des pays les plus socialiste au monde, voudrait entrer aux USA rien que pour obtenir ces fameux« coupons » (prononcez le ssss) ? Demandez au FBI…

3. Joindre votre extrait de casier judiciaire et votre acte de naissance (jusque-là, ça va) et tous les casiers judiciaires de tous les pays dans lesquels vous avez vécu plus de 6 mois depuis l’âge de 16 ans…aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhh !!!!!! Ça m’en fait 4 : France, Espagne, Italie et Allemagne. Voici un extrait de ce qui m’est arrivé avec un seul de ces papiers (une fois que vous avez fini de lire, multipliez par 4 et vous obtenez ce par quoi je suis passée) :


Obtenir votre casier judiciaire quand vous avez vécu dans quatre pays… c’est facile :
Le cas de l’Espagne : il suffit d’envoyer un formulaire dûment rempli, la photocopie certifiée conforme de votre carte d’identité et le reçu de la banque prouvant que vous avez payé les 3 euros 58 de taxes (soit dit en passant, il s’agit d’un transfère international donc le transfère coûte plus cher que la taxe).
jour 1
: direction le cyber café pour imprimer le formulaire : « Guten tag ! » « Guten Tag » « 1 Computer Bitte » « %$# @#$% !!! #@$@# ALLES CAPUT ». Retour à la maison sans formulaire.
jour 2 : direction la poste pour faire certifier conforme ma carte identité : « Guten tag », « Guten tag », je montre la photocopie de ma carte d’identité et ma carte d’identité en faisant le geste du tamponnage pour certifier conforme. « ici ce n’est pas possible, vous devez aller à la police ». Je vais donc au commissariat. Je m’assois à côté d’un SDF bourré et j’attends gentiment mon tour en me bouchant le nez. Mon tour arrive : « Guten tag ! », « Guten tag » je montre la photocopie de ma carte d’identité et ma carte d’identité en faisant le geste du tamponnage pour certifier conforme. « Ici nous n’avons pas de tampon, vous devez aller à la mairie mais il est 16h.. et elle est fermée… ». Retour à la maison sans certification.
jour 3 : direction la mairie : « Guten tag » « … », je montre la photocopie de ma carte d’identité et ma carte d’identité en faisant le geste du tamponnage pour certifier conforme… Le type : « #@$!% %$#@!% %%%%% !!!! », Moi « I don’t get it ! », le type en colère fait des gestes agressifs et hurle : « @$# !^%#@ ^$# !@$%^T ^$#E@ ». Je finis par comprendre qu’il faut aller dans une autre salle. J’y vais. J’attends. Je « parle » avec une dame qui refuse de me parler anglais mais qui me fait comprendre qu’elle ne certifie pas conforme les cartes d’identités françaises… et oui j’avais qu’à être allemande ! Retour à la maison sans certification.
jour 4 : j’envoie ma lettre au tribunal de Madrid avec un formulaire dûment rempli, le reçu de la banque et la photocopie de ma carte d’identité… sans certification.
jour 58 : je reçois un mail de l’Espagne : « nous avons reçu votre lettre mais vous devez nous envoyer la photocopie certifiée conforme de votre carte d’identité »
Vive l’Europe !


4. Le tout doit être en anglais ou en Allemand… je traduis donc en anglais (bien 10 heures de travail en tout) et je demande à des collègues de signer les traductions (ouf ! nous travaillons dans des écoles de langues).

5. Des preuves « d’engagement », c’est-à-dire de fiançailles… très bien puisque nous n’avons fait ni fête, ni demande officielle, ni projet concret de mariage et que je n’ai même pas de vrai bague !!!!

6. Payez 192 (pourquoi ? Parce que !), joignez une lettre prépayée et envoyez le tout originaux et photocopies.

Et voilà tout a été envoyé et deux semaines plus tard… talala… il manque un formulaire, les traductions doivent être certifiées conformes par un traducteur certifié conforme de leur liste à eux (ça va me coûter cher !) et il fallait faire la visite médicale (étape number 2 qu’on avait sautée parce qu’on pensait bien faire) :

La visite chez le « matasanos »

Ce que beaucoup de gens ne savent pas (dont moi avant) c’est que nous avons beau appartenir à un pays qui jouit du meilleur système de santé au monde, nous devons quand même passer une visite médicale (checking complet) avant de nous rendre dans le pays numéro 47 dans le classement mondial des systèmes de santé…

Me voilà donc à la recherche d’un médecin reconnu et certifié par l’ambassade… oui parce qu’on ne peut pas aller n’importe où ! Évidemment, il n’y a pas de médecin certifié à Cologne… pourquoi faire ?... je dois donc aller à Dortmund (1h30 de train). J’appelle donc pour prendre rendez-vous. La secrétaire :« Oui oui très bien… venez mercredi 7 novembre à… 7h30 », Moi :« du matin ???? », la secrétaire « bien sûr ! »,moi : « oui mais j’habite à Cologne ! », la secrétaire (qui va donner la réponse qui tue à laquelle on ne peut jamais rien répondre :« Oui mais c’est comme ça ! ». L’autre option aurait été de prendre rendez-vous à Berlin (6 ou 7h de train).

Me voilà donc debout à 4h00 du mat pour prendre le train à 5h et quelques au matin du 7 novembre.

Arrivée à 6h50 à Dortmund, je me rends d’abord au cabinet de radiologie pour le test de la Tuberculose. Quelques heures plus tard j’en ressors avec une radio de mes jolis poumons… je n’ai pas la tuberculose…ouf ! Je respire (et bien apparemment vu la jolie couleur blanche de mes petits poumons) !

Je prends le métro et quelques minutes plus tard j’arrive chez le médecin. La secrétaire note mes informations : La secrétaire : « vous êtes née dans quelle région en France ? », moi : « En France on ne né pas dans une région, seulement dans une ville », la secrétaire courroucée : « Et bien à moi il me faut une région !!! »,moi, levant les yeux au ciel : « Bon ben vous avez qu’à écrire Pyrénées-Atlantiques… » (Désolée mais Aquitaine ça faisait encore plus con !).

Après ça, j’ai été pesée, mesurée, tensionnée (= ils ont pris ma tension… un peu basse d’ailleurs). Prise de sang, d’urine et test visuel… avec les lentilles de contact donc résultat : 10/10 ! :o)

Le médecin, amoureux de la France parle français ! Ouf on est sauvé !

Tout va bien sauf qu’il me manque un vaccin… rien de grave je peux le faire à Cologne et lui faxer le tout. (48 euros de vaccin plus 46 euros 91 centimes de consultation plus tard, tout est en règle !)

La visite médicale… ce n’était finalement pas grand-chose… enfin presque ! M’étant levée très tôt au matin de ce fameux 7 novembre mes rythmes du sommeil s’en trouvèrent bien perturbés. Résultat : je tombe malade le lendemain matin ; nausée, migraine et fatigue intense… mais je suis rassurée… ce n’est pas la tuberculose !