Alors pour ceux
qui ne parlent pas l’Américain, « Corporate America » c’est ces
grandes entreprises ricaines qui font le succès dudit pays et où toute personne,
avec un minimum d’ambition, doit mettre le pied au moins une fois dans sa vie.
Mais attention, pour obtenir le qualificatif « corporate america »
votre Nationale ou multinationale doit répondre à une série de critères bien
définis :
1. Vos locaux
doivent être situés à perpette les oies pour diminuer le coup foncier. Vos
employés quant à eux, doivent, au choix, être coincés dans les embouteillages
matin et soir pendant au moins 30 minutes, ou habiter dans une des maisons des
quartiers spécialement conçus pour eux. Comme votre maison est exactement
pareil que les 150 autres, si un jour vous rentrez bourrés, il vous faudra
dormir a Ibis ou au formule 1 à moins que vous aillez accroché un fanion rouge
à votre porte d’entrée pour la reconnaitre. Moi j’ai choisi l’option trafic qui
est la plus salutaire. L’autre comporte une série d’obligations qu’une fraiche
expat n’aurait pas pu supporter. En effet, pour vivre dans un quartier « ouvrier »
à col blanc il faut : a) ne pas utiliser vos jambes plus de 2 minutes 30 par
jour. Les pieds des gens des « suburbs » servent à actionner la
pédale de frein et l’accélérateur de leur voiture automatique, pas à aller
acheter le pain au supermarché du coin qui se trouve à 25km. B) Vous enfermer dans un gymnase pour marcher
sur des machines après avoir passé votre journée enfermés dans votre cubicule.
Le gymnase étant subventionner par votre entreprise, parce que [slogan
numbeurre uane] « votre entreprise se soucis de votre santé,
YEAHHHH ! »… (oui parce que c’est eux qui paient votre assurance
santé…). C) Allez dîner dans un restaurant qui est aussi une multinationale
avec exactement les même succursales tous les 10kms… Vous serez bien entendu,
entourés de gens comme vous, voir de vos collègues ou de vos voisins de machines
de gymnase, ou de vos voisins tout court. Attention, il est absolument interdit de
manger avec eux… dans les suburbs, on ne copine pas avec les gens. D) Ne parler
que de sport. Tout autre sujet est absolument tabou. Il vous faudra également
porter le maillot de votre équipe de football américain lors des matchs
importants. N’oubliez pas d’assortir votre famille toute entière aux couleurs
de l’équipe, voir votre chien. Ceci n’est pas un conseil mais une obligation.
Ne pas s’y soumettre vous fait risquer votre place tant prisée dans les
suburbs….
2. Le deuxième
critère qui fait de votre entreprise une multinationale « corporate
America », est que vos employés ne savent parler que de sport et du
travail. Les employés vivant dans les suburbs n’ayant pas de vie privée, c’est
facile.
3. Si vous
comprenez ce que quelqu’un fait lorsque vous lui demandez ce qu’il fait comme
travail, cet employé n’appartient pas à « corporate américa » :
Exemple 1 :
« je suis secrétaire » = pas corporate America
Exemple 2 :
« Je suis manager du groupe de support logistique de l’entreprise » =
corporate américa
Mon exemple :
« Je suis bilingual claim adjuster » = Corporate América. Ce que je
fais ? Envoyer des chèques quand vous avez un accident de voiture, me
faire engueuler par les clients parce que je ne les ai pas rappelés, me faire
engueuler par les clients quand j’essaie de comprendre ce qui s’est passé dans
l’accident, me faire engueuler par les clients parce qu’ils n’aiment pas
comment on a réparé leur voiture, me faire engueuler par les clients parce
qu’ils trouvent qu’ils ne sont pas du tout en tort dans l’accident, me faire
engueuler par les clients parce que…. Tout ça bien entendu en anglais ET en
espagnol (d’où le bilingue).
Enfin bref, dans
mon travail, nous avons un très gros problème, il nous manque environ 70%
d’employés pour pouvoir faire un travail correct. En gros, quelqu’un de normale
peut travailler une moyenne de 3 à 5 accidents par jour. Super man pourrait en
faire 6… nous, nous tournons à 8 à 10 accidents par jour. Donc en gros, si tu
as eu un accident de voiture, que ta voiture est toute défoncée devant chez toi
avec le radiateur qui fuit, que tu vis dans les suburbs comme tout le monde,
que donc ton travail se trouve à 40 km de chez toi et que le supermarché le
plus proche est à 25km, que évidement il n’y a ni bus, ni tramway puisque les
transports publics ici c’est pour les pauvres, et bien ton sort dépend de si tu
réponds au seul coup de fil que j’aurais eu le temps de te passer. Sinon tu
devras me laisser 4 messages auxquels je ne pourrais pas répondre, laisser 2
messages à ma supérieur qui ne pourra pas te répondre non plus, prendre un
avocat qui te volera tout l’argent qu’on te donnera (si tu arrives finalement à
parler avec un être humain dans mon entreprise), t’arracher les cheveux parce
que ça fait 3 semaines que ta voiture est devant chez toi avec le radiateur qui
fuit, que tes voisins ont porté plainte, que tu as perdu ton travail parce que
tu pouvais plus y aller, que finalement tu finis par parler avec une française
avec un accent qui fait que tu comprends que la moitié de ce qu’elle dit, qu’à
ce niveau-là, même comprendre que la moitié c’est mieux que rien, que la
française elle transfère ton dossier au département des voitures qui partent à
la casse, que le département des voitures qui partent à la casse il n’a pas que
ça à faire alors il renvoie le dossier à la française mais sans la prévenir,
tout ça parce que la française elle a pas vu que le devis n’était pas complet ,
que ça te prend 2 semaines de plus de pouvoir reparler avec la française, que
la française elle a presque envie de te dire que « bon d’accord ça fait
deux semaines que vous attendez que je vous rappelle mais sachez qu’il y a des
gens ça fait 1 mois alors que bon… », que ton dossier est renvoyé au
département des voitures qui partent à la casse, que ça prend encore 5 jours de
plus d’obtenir l’autre partie du devis, que finalement on se rend compte qu’on
peut réparer la voiture, qu’on finit par la transférer au garage du coin, que
la française t’envoie le chèque mais que comme tu l’a pas reçu tu peux pas
payer le garage, que le garage ne veux pas te rendre ta voiture tant que tu ne
les as pas payés, que tu rappelles la française désespérée, que la française se
rend compte que le chèque n’a jamais été envoyé parce qu’avant qu’elle n’ait eu
le temps de l’envoyer elle a reçu 5 appels de 5 autres assurés désespérés et
donc qu’après elle a oublié, que une fois que tu reçois le chèque c’est trop
tard… tu t’es pendu…
Pendant ce temps,
nous continuons à recevoir des formations pour nous apprendre à être gentils
avec les clients… nous avons eu la réunion obligatoire du :
« Le
challenge de la responsivité ! Réponds à ce coup de
fil ! » : si je vous dis ce qu’ils ont fait, vous n’allez pas me
croire… ils nous ont distribués des stickers bleu avec écrit : « Le
challenge de la responsivité ! Réponds à ce coup de fil ! »… c’était pour les
coller sur nos bureaux… après on a eu une réunion avec les deux grands chefs. Ils
avaient plusieurs balles bleues dans les mains. Enthousiastes, ils ont
demandé : « le challenge de la responsivité… qu’est-ce que ça veut
dire pour toi ?! », puis ils ont commencé à lancer les balles et
celui qui l’attrapait devait répondre à la question… il était évidemment
implicitement interdit de dire : « éviter que les assurés se
pendent ? ». Alors les gens ont dit : « répondre au
téléphone ? », « excéder les attentes de nos
clients ? », « être pro-actifs ? » (ne cherchez pas
dans le dico, ça ne veut rien dire).
Voilà… c’est mon
travail…
Il y a une
solution très simple a laquelle personne apparemment n’a pensé, c’est qu’ils
pourraient embaucher plus de gens. Certes ça coute cher mais : 1. Si
t’embauches plus de gens, les assurés sont contents donc ils ne se pendent pas,
donc ils continuent à payer leur
assurance = plus d’argent 2. Les employés sont contents donc ils ne quittent
pas l’entreprise après trois mois de bons et loyaux services = on économise le
coup de la formation (70% des « claims adjusters » bilingues (ou pas)
sont nouveaux et n’ont rien à voir avec le métier… ce qui nous amène au point
3. Tes employés savent ce qu’ils font parce que ça fait plus de 4 mois qu’ils
travaillent dans l’entreprise donc ils disent moins de conneries aux assurés… = moins de cafouillages et de voitures
abandonnés devant les maisons des assurés 4. Etc. etc.
La solution est
simple… et pourtant…
II- LA SOLUTION
DU CHEF :
Il y a quelques
semaines, nous avons eu une réunion avec grand chef indien sans nos supérieurs.
Le but ? Comprendre qu’est-ce qu’on peut faire pour améliorer la
satisfaction des employés de l’entreprise et éviter qu’ils se fassent la malle.
Notre chef a dessiné un tableau à double entrée comme celui-ci :
|
Identification
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Solution
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Problème
numbeurre uane
|
|
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Problème
numbeurre tout
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Problème
numbeurre zri
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Nous avons eu les solutions suivantes :
1) oui ! les
manageurs devraient nous féliciter plus souvent lorsqu’on fait les choses
bien….
2) oui ! on
devrait réinstaurer le jour de la tarte ! Le jour de la tarte c’est un
jour où les supérieurs apportent une tarte pour la partager avec les
inférieurs. Alors pour ceux qui, comme moi, croiraient qu’il s’agit d’une
blague… il ne s’agit pas… il y a vraiment quelqu’un qui trouve que si on
réinstaure le jour de la tarte au travail, les gens seront plus contents… ce
quelqu’un a d’ailleurs appuyé son argument en disant qu’autrefois, avec le jour
de la tarte, les gens étaient plus détendus et rigolaient entre eux pendant
qu’ils mangeaient leur tarte…
Après une heure
de discussion autour du jour de la tarte, j’ai levé la main et j’ai dit :
« le seul problème qu’on a est qu’on a trop de dossiers, qu’on travaille
10 heures par jour plus le samedi pour rien parce qu’on aurait besoin de 72h
par jour de toute façon pour s’en sortir et qu’on en peut plus» [Et même que
j’aurais pu rajouter qu’ on part du travail avec de terribles migraines, et
qu’on y arrive en pleurant dans sa voiture ; que mon visage a été
complètement envahi par des boutons d’acné surgit à cause du stress ; que
mon dos me fait mal ; que j’ai beau boire du vin avec les copines,
patauger dans le jacuzzi pendant des heures, danser le flamenco comme une pègue
toute seule devant le miroir… ben que je suis toujours aussi stressée, et que
si ça continue, c’est moi qui vais aller me pendre avec nos clients]. Ce à quoi
non seulement le chef mais mes collègues ont répondu : « il ne faut
pas confondre le symptôme avec la cause… nous avons trop de dossiers par
personne parce que les gens ne restent pas dans l’entreprise… »…. [non, ce
n’est pas une blague…]
Après une réunion
comme ça tu te dis que bon, même si ça n’a servi à rien, au moins ils essaient
de nous faire croire qu’ils veulent faire quelque chose pour nous… et c’est une
semaine après … pas 1 mois ; pas deux semaines ; même pas une semaine
et demie plus tard ; non une semaine pile poil après la réunion de
« comment faire pour contrôler le départ hémorragique de nos employés» que
nous avons eu la réforme « du temps flexible »….
Qu’est-ce que le
temps flexible ?
III- Le temps « flexible » selon mon
chef :
Le temps
« flexible » c’est… prendre les gens pour des c… !!!!!!!!!!!!
ihhhhhhh !!!!! (Calme toi Sandrinette… vite ! coup de
jacuzzi !!!! ou coup de tarte pour ma collègue !!!!) .
Alors le temps
« flexible » n’a rien de flexible du tout puisqu’il est fixe et non
négociable… fixe étant le contraire de flexible, même en anglais, le temps
« flexible »… n’a rien de flexible du tout !!!!!!!
ihihihihihi !!!!! (Sandrinette calme toi… vite ! coup de
flamenco ! Ma collègue elle a déjà mangé la moitié de la tarte !).
Bon reprenons.
Les États-Unis sont un grand pays au sens kilométrique du terme. Ce qui fait
que si tu t’occupes des accidents de voitures de la Californie et que tu
habites à Denver, tu quittes le boulot à 16h30 heure de Denver, 15h30 heure de
la Californie. Donc c’est embêtant en terme de service au client… donc là je
vais me reénerver… ça fait 3 mois que je travaille tous les purée de patate de
jours de 8h du mat, heure de Denver, 7h heure de Californie, à 19:00 du soir
heure de Denver, 18h heure de la Californie !!!!!! Alors tes purée de
patate de calcules à la con…fiture tu te les ranges dans le
panier !!!!!!
Bon reprenons.
Après la réunion du coup du jour de la tarte, nous avons eu une réunion du coup
des heures « flexibles », au court de laquelle il a été fait très
brièvement mention d’un e-mail qui nous serait envoyé pour savoir quelles
heures « flexibles » nous « préférions ». Noyés au milieu
des 50 e-mails que nous recevons par jour, presque personne n’y avait vraiment
prêté attention…
IV- Vendredi : jour de la tarte
Le vendredi suivant, ma supérieure, tout
sourire, est arrivée en disant : « hey guys ! (Qui pourrait se
traduire par : « salut les « amis »…. »). Alors c’est
juste pour vous dire que les nouvelles horaires que vous avez reçues seront
effectives à partir de lundi ». Or nous étions vendredi… C’est ainsi que
nous avons découvert nos nouvelles horaires… 9h-17h30 tous les jours au lieu de
8h-16h30… et là je lui dis : « oui bon ça ne m’arrange pas du tout,
je ne comprends pas pourquoi on ne m’a pas consultée…. » . La chef :
« mais bien sûr qu’on t’as consultée ! On t’a envoyé un e-mail auquel
tu n’as pas répondu ! ». La Sandrinette : « Oui mais je ne
savais pas que si on ne répondait pas, vous nous donneriez les horaires que
vous vouliez ! (la Sandrinette bien dégoutée) Bon ok mais le mardi je
devrai partir une-demie heure à l’avance pour mon cours de flamenco. ». Ma
chef : « Ah ça ce n’est pas possible ! Je ne peux pas faire une
exception pour toi. Si je le fais, je devrai le faire pour tout le monde et ça
ne va pas marcher. ». [La Sandrinette abasourdie] : « Non mais
je ne vais pas arrêter mes cours de flamenco parce que je ne peux pas sortir
une demi-heure à l’avance ! Ce n’est pas possible ! » [15
minutes de conversation plus tard]. Ma chef : « Je vais parler avec
grand chef indien mais je ne te promets rien ».
Inutile de dire
que les feignasses de notre bureau, eux, n’avaient pas oublié de répondre au
fameux e-mail et qu’ils avaient écopé des meilleurs horaires…
Dégoutée je suis partie 1. Déjeuner 2. ben en fait j’ai pas eu le temps
d’arriver au lieu du déjeuner parce que je me suis mise à pleurer avant… du
coup j’ai fait quelque chose que jamais je pensais que j’aurais eu à faire… je
me suis enfermée dans les toilettes et j’ai passé une demie heure à pleurer
toute seule dans le lieu le plus glamour de l’entreprise…. (oui, je sais, c’est
pathétique…)
Lorsque je suis
revenue une heure plus tard, il était bien clair que je n’avais pas été la
seule à avoir essuyé des larmes avec le papier toilette… non pas que les gens
avaient des restes de papier toilette sur les joues, mais qu’il y avait une
révolution au travail. Tout le monde était outré et se déplaçait de cubicule en
cubicule pour mettre en place des stratégies stratégiques pour contrer le plan
diabolique de grand chef indien. Non parce que je ne veux pas dire mais il y a
des gens qui ont des enfants… alors comment qu’on fait si on doit aller les
chercher à la crèche ? Tout à coup, je me suis retrouvée avec 5 personnes
devant mon cubicule, plus remontées les unes que les autres : La
Sandrinette [qui a fait partie d’un syndicat étudiant quand elle était plus
jeune] : « Mes chers camarades (bon d’accord ca je ne l’ai pas
dit) ! Il est clair que le jour est grave et que cette réforme a été
décrétée en cachette et à notre insu. Le chef est dans son bureau !
Allons-y et obligeons-le à négocier ! Qu’un sang impure abreuve la
moquette de notre cubicule !»… bon d’accord, j’ai juste dit :
« Le chef est dans son bureau, pourquoi n’allons-nous pas lui parler tous
les 5 en même temps ? »… toujours est-il que mon idée était encore
plus révolutionnaire que celle qui se tramait au boulot ce jour-là, puisqu’il y
a eu un gros blanc et qu’un des type, un des plus remonté m’a dit :
« non, non, va-y envoie lui un message, moi je l’ai fait aussi et elle
(une collègue) lui en a envoyé deux et comme ça, si tout le monde envoie un
message il va voir que ça ne passe pas. »…. Les révolutions aux États-Unis
se font, comme on peut le voir, mais pas trop quand même…
La stratégie du
« mécontentement individuel » a finalement porté ses fruits puisque
le projet de grand chef indien fut finalement suspendue jusqu’à nouvel ordre...
V- Le jour du nouvel ordre :
S’il y a bien
quelque chose qui caractérise les chefs américains, c’est qu’ils sont cools et
sympas ! Que quand ils arrivent, ils te disent « Hey
guys ! », qu’ils nous portent des tartes pour qu’on soit contents, et
qu’ils mettent des jeans le vendredi… pas comme nos chefs français, habillés en
costard cravate qui te disent « Bonjour Monsieur Dupont. Où en sont vos
dossiers ? ». Non, les chefs américains sont très cools… très cool
oui, mais pas le jour du nouvel ordre…
Nous avons TOUS
étaient convoqués dans la grande salle de réunion, les supérieurs d’un côté,
les inférieurs de l’autre. [Tu sais que tu n’es pas en France quand tu te rends
compte qu’il n’y a pas de CRS dans la salle]… connaissant les américains, je
m’attendais à ce que le chef disent : « mes plus plates excuses, je
ne savais pas qu’aller chercher les enfants à la crèche vous tenez tant à cœur…
mais nous allons quand même instaurer les nouvelles horaires. ».
Et bien, non, pas
du tout… nous avons eu droit à une feuille de papier sur laquelle nous devions
inscrire notre nom, numéro d’identifiant et signature. Traduction :
« Vous avez prétendu que vous ne saviez pas qu’on allait changer vos
horaires, maintenant vous ne pourrez plus mentir… ». Tu fais ça en France
et ta tête finie sur un piquet… pas aux États-Unis…
Pendant la
réunion, il était interdit de dire certaines choses. Ceux qui ont essayé ont
été soit ignorés, soit attaqués par tous les supérieurs en même temps. Parmi
ceux-là, il y a eu la Sandrinette…
La
Sandrinette : « avant de nous faire travailler ses horaires là,
pourquoi ne règlerait-on pas le problème du manque de personnel ?». [Oui, la Sandrinette a des idées saugrenues....].
Les manageurs
[tous en même temps] : « Mais c’est ce qu’on fait Sandwine ! On
a déjà embauché 3 personnes de plus [et perdu 5… mais ça on ne le dit pas… 3 –
5 = -2 même en anglais]. Levez-vous ceux qui viennent d’être
embauchés ! ». Et les 3 nouvelles têtes se sont levées… deux d’entre
elles ont démissionnées depuis…
Nous avons donc
décidé tous ensemble [« tous ensemble » = le chef] que nous
travaillerions des horaires différents à tour de rôle. Ma semaine ressemble
désormais à ça : Lundi 9h-17h30, Mardi 8h-16 :30, Mercredi 9h30-18h,
Jeudi 9h-17h30, Vendredi 8h30- 5 tasses de café pour me réveiller, une aspirine
pour le mal de tête, un Lexomil pour rester calme avec les clients et un
antidépresseur pour pouvoir finir la journée… Inutile de dire que plus personne
ne comprend rien à quand on est sensés quitter le travail, que notre horloge
biologique ne s’active qu’au contact avec la caféine, que j’ai un collègue qui
a fait des heures sup pendant 3 mois gratuitement parce qu’il n’avait rien
compris aux nouvelles horaires, et que des fois quand on arrive à 9 :30,
on se rend compte qu’on a raté une réunion parce qu’elles par contre commencent
toujours à 8h, mais que ce dernier point n’es pas très grave vu la teneur de
nos réunions…
Ce qui m’amène au
point suivant. Votre multinationale n’appartient à « corporate
América » que si toutes les mesures et réunions qui sont prises/organisées
ne sont qu’une perte de temps et une insulte à l’intelligence…
VI- La réunion des post-it…
Un jour, j’ai été
convoquée dans une réunion dont personne ne connaissait la teneur… Il y avait à
peu près une dizaine de personnes qu’on ne connaissait pas et un type qui
faisait le présentateur. Le type a commencé en expliquant que nous étions tous
là pour identifier les problèmes que nous, « claims adjusters »,
rencontrons au court de notre travail et qui ralenti notre action… puis il a
rajouté : « moi je n’ai jamais travaillé pour les assurances, mais
j’ai des techniques pour vous aider à identifier les problèmes et les
solutionnés… »…. C’est ce jour-là que je me suis dit que, peut-être, ça
serait une bonne idée de faire un voyage au Tibet… il parait que les moines bouddhistes
sont capable de détacher leur âme de leur corps quand ils méditent. Moi je
crois que ça serait très utile de pouvoir envoyer mon âme à Cancun ou Bora Bora
pendant que des espèces d’abrutis qui n’ont aucune idée de ce que je fais comme
travail viennent m’expliquer comment solutionner mes problèmes du quotidien.
J’ai pensé ca encore plus fort quand le type a commencé à dessiner le schéma suivant :
Réception du
dossier ________ Investigation de l’accident + vérification de si l’assuré est
assuré (ou si, manque de bol, il n’a pas payé sa dernière mensualité)
__________ envoie du chèque ______ fermeture du dossier.
Ça lui a quand
même pris une demi-heure de dessiner un truc pareil…. En même temps, on ne peut
pas lui en vouloir, c’est sa première fois dans les assurances…. Après ça donc,
tout le monde était pantois et se demandait ce qu’on pouvait bien faire là… Un
de mes collègue a osé un : « je ne vois pas très bien où vous voulez
en venir là… ». Le type, loin d’être déstabilisé, a rigolé ainsi que tous
les autres types dans la salle qu’on ne connaissait pas. « Vous allez
voir, vous allez comprendre ». Il nous a ensuite distribué des post-its
sur lesquels nous devions marquer tous les problèmes rencontrés quotidiennement
au court du susmentionné schéma…. un problème par post-it… le tableau a très
rapidement été recouvert de post-its et de ratures en tout genre… en effet, le
type s’est très vite rendu compte que notre travail ne comporte pas quatre
étapes mais deux cents cinquante. Il a donc dû raturer, redessiner, superposer
et envoyé des flèches vers le bas, les faire remonter, pour finalement les
faire revenir sur certaines étapes. À la fin, notre travail semblait encore
plus difficile qu’il ne l’est déjà…
Nous n’avons plus
jamais entendu parler du type des post-it…
VII – Les super héros de l’attention au client, ou le summum de la connerie
a-t-il était atteint (enfin)?
Comme ça faisait
longtemps qu’on n’avait pas de réunion, les chefs ont décidé de frapper
fort ! Nous avons tous donc reçu un e-mail dans lequel il y avait Superman,
Batman, Spiderman, et d’autre super héros de notre enfance…. Le thème de la
réunion : nous sommes tous les super héros de l’attention au client…. Mon
collègue qui a découvert le mail en même temps que moi m’a dit :
« t’as vu cette nouvelle réunion ? »… La Sandrinette :
« … bon… je vais aller prendre le quatrième café de la matinée… si à mon
retour tu à l’audace de me rappeler le coup de la réunion, l’entreprise perdra
un employé de plus… »… Après quelques jours, nous avons reçu des
informations complémentaires de notre manageur. « Chaque équipe va choisir
un super héros ! Nous allons décorer nos bureaux avec des images dudit
super héros et… [et ben rien parce que c’est tout]… ». Notre équipe est
allée encore plus loin puisque notre manageur a acheté des T-shirts pour tout
le monde et a repassé des photos de super héros dessus. Le jour de la réunion,
nous étions tous donc déguisés en super héros… ben vous le croirez ou pas,
c’est nous qui avons gagné le concourt de l’équipe qui a le mieux décoré
« son bureau » parce que, a dit le chef, faire de chaque employé un
super héros, c’était une super idée…. Et nous, les super héros, on va prendre
un super Lexomil, pour éviter de faire une super dépression, voir d’envoyer des
super claques à nos super supérieurs…
Voilà où nous en
sommes… entre temps, donc, le fameux jour de la tarte a été réinstauré… une
fois… parce que oui, les tartes du coup ne sont pas du tout passées. Malgré les
invitations répétées de nos manageurs : « je vous rappelle que les
tartes sont à côté de la photocopieuse et n’attendent que d’être mangées »,
personne n’y a touché… il n'y a donc plus jamais eu de tartes.... je crois que les manageurs ont senti le danger...