Petit dej' au bureau avec les collegues! |
Alors
rassurez-vous tout de suite, ce n’est pas moi qui ai été virée, mais une
collègue! Ouf ! On souffle un coup !
Voici donc
l’histoire de ce qui s’est passé, ou comment la Sandrinette, elle est bien plus
naïve que ce qu’elle croyait !
Moi j’aime bien
mon boulot !
1. Parce que mes collègues
sont très gentils et qu'ils m’aiment beaucoup. En plus aux États-Unis, on aime
bien dire merci pour tout... genre, tu envoies un fax : « Merci
soooooo much Sandwina ! Tu es such une bonne travailleuse ! »
[Moi : « euh… merci… » enfin en même temps avec un BAC+5 je
crois que oui je peux plus ou moins envoyer un fax…].
2. Parce qu'on fait plein
de petits évènements entre nous ; genre : THE SALADE PARTY !!!
Qu’est-ce ? Un vendredi on s’est tous pointés avec une salade préparée par
nos petits soins pour la partager avec les collègues (oui, je sais, on est des
fous !)… Bon on n’a quand même pas mangé tous ensemble assis autour d’une
table parce que a) aux USA on s’assoie pas à table pour manger b) aux usa on
mange devant son ordi pendant qu’on continue à travailler c) on s’entend bien
mais il ne faut quand même pas exagérer !
3. Parce que ma chef a mis
des mois et des mois à trouver quelqu’un de bien pour occuper mon poste et donc
maintenant elle ne veut surtout pas que je parte. Du coup toutes les semaines
j’ai le droit à : « Ça va ? Tout va bien ? Tu es
contente ? Tu ne trouves pas que c’est trop difficile ? Tu ne trouves
pas que c’est trop facile ? Tout le monde est gentil avec toi ?
Personne n’est méchant avec toi ?etc… » « Ça fait combien de
temps que tu travailles pour nous, 6 mois ? ». MOI : « Euh
non pas encore » ELLE : « Bon quand ça fera 6 mois tu me le dis
et on augmentera ton salaire ! » (C’est la 50ème fois
qu’elle me dit la même chose… moi j’aimerais bien lui dire que ça ne me dérange
pas de ne pas attendre 6 mois… 4 mois et demie c’est très bien aussi !)
4. Parce que parfois
t’arrives le matin et tu trouves une courgette mexicaine sur ton bureau…
VOUS : «Euh…
mais qu’est-ce que c’est que cette histoire de courgette mexicaine ?... » Ben, malheureusement, je n’en sais pas plus que vous. Un matin je suis arrivée
au boulot et je l’ai trouvé sur mon bureau. Plusieurs de mes collègues ont fait
la même découverte… mais pas tous… nous n’avons jamais su qui était derrière
cette invasion intempestive de courgettes mexicaines….
Comme vous le
voyez, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes…
Puis un jour, je reçois
un e-mail de la DRH :
Chère Sandwine,
Pourrais-tu venir
dans mon bureau mardi à 1.30pm pour discuter de l’ambiance générale de ton
service ? Je te demande de bien vouloir garder cet entretien confidentiel
et de n’en parler à personne.
NAIVETÉ n.1 : « Oh ! Ce
qu’ils sont sympas dans ce boulot ! Toujours à s’inquiéter de savoir si
les employés sont contents ! »
Non, ce n’est pas une blague, j’ai
réellement pensé ça ! Comment j’ai fait, ça, je ne sais pas, mais je n’ai
absolument pas trouvé ça suspect !
- Episode numbeur wane: Le mardi en question dans le bureau de la DRH :
DRH : [L’air de rien] « Alors,
tu aimes bien ton travail ? »
MOI : [Enthousiaste] « Oh !
Oui ! » (Enfin là il faut bien avouer quand même que c’est une
question à la con ! Genre la fille elle va répondre à la DRH :
« Oh non ! C’est nul et ennuyeux mais il faut bien payer le
loyer »…)
DRH : [Dans sa tête :
« Ooooooooh ! Elle est sooooooooo sucrée ! » Oui en anglais
on n’est pas mignon on est sucré (sweet pour les anglophones). « Pourquoi ?
Qu’est-ce que tu aimes de ton travail ? Donne-moi des exemples. »
MOI : (Je retire ce que j’ai dit sur
la question précédente) « bla bla bla »
…
DRH : « Aurais-tu, par hasard,
entendu des ragots sur des gens… des collègues… des supérieurs… »
MOI : « Euh non, on discute de
tout et de rien, on fait des blagues »
DRH : « Tu sais s’il y a des
gens qui font circuler des rumeurs ? »
MOI : « Euh non, on s’entend
tous très bien ! »
DRH : [Dans sa tête : Celle-ci
elle ne s’appelle pas Sandrine mais Marie et elle est mariée avec Charles Ingalls
de la petite maison dans la prairie].
…
DRH : « Tu penses que tu es
traitée injustement par tes supérieurs ou les avocats ? Y a-t-il certaines
personnes qui obtiennent plus de faveurs que d’autres ? »
MOI : « Euh… non moi je suis
traitée très très bien par tout le monde ! » [Dans ma tête :
« Waouh ! Super pro les ricains avec leurs enquêtes de
personnel ! Après on dit que les conditions de travail aux USA sont
mauvaises !]
…
DRH : « Tu es sure que tout va
bien ? Tu peux me le dire… c’est confidentiel… Ça restera entre
nous… »
MOI : « Ben… euh… oui… non,
franchement, je n’ai aucun problème, au
contraire ! »
DRH : [Dans sa tête :
« Oooooooooh ! Elle est soooooooo soooooooo sooooooooo
sucrée ! »] « Bon, ben merci ENORMEMENT Sandrine d’être venue,
c’est vraiment très gentil » (Oui, c’est comme je vous disais, les
américains vous remercient pour des choses pour lesquelles on ne s’attend pas à
être remercié… « Merci d’être venue ! »… Ah bon, parce que
j’avais le choix ?/ « C’est très gentil Sandwina de m’avoir aidé avec
le client mexicain ce matin ! »… Euh… de rien !… en même temps
c’est pour ça que j’ai été embauchée…).
Je quitte donc le bureau sur ces belles
paroles. Elle ne me répète même pas que l’entretien est confidentiel… vous
pensez bien, je suis bien trop sucrée pour aller raconter tout ce qui s’est dit à
mes collègues… non, moi j’ai un blog pour ça !…
- ÉPISODE numbeur tou, une semaine plus tard :
Nous recevons un e-mail de ma
supérieure : « Demain (vendredi) je recevrai chacun d’entre vous de
façon individuelle dans mon bureau. L’entretien ne durera que 10
minutes ». 10 minutes avec ma chef ça veut dire 1 heure ET 10 minutes… du
coup j’ai été reçue le lundi en fin de journée…
La porte se ferme et ma chef
commence : « Alors c’est pour te dire que s’il y a quoi que ce soit,
si tu es fâchée avec moi, si tu t’offusques de quoi que ce soit, il faut me le
dire. »
MOI : « Ok ! »
CHEF : « Quoi que ce soit, quoi
que ce soit »
MOI : « Oui,
d’accord ! »
CHEF : « QU-UA-QUE-CE-SU-A»
MOI :… « Euh.. non, mais
moi je suis très contente ici… je ne suis pas fâchée et je trouve que je suis
très bien traitée ! »
CHEF : « Tu es sure
sure ? »
MOI : [Bon là quand même, j’ai beau
vivre dans le pays des bisounours, je commence à suspecter quelque chose].
« Ben écoute, franchement pour moi tout va bien ! »
CHEF : [Soulagée] « Non parce
qu’on a reçu une lettre anonyme se plaignant des conditions de travail, disant
que je faisais des préférences et que les gens avaient peur de perdre leur
travail à tout moment. »
MOI : « Ah bon ? Bon mais
ne t’inquiète pas, ce sont des choses qui arrivent. Les chefs reçoivent
toujours des critiques des employés. Moi je trouve que tu es très bien et que
tu nous traites à tous très bien. Tu sais parfois les critiques veulent dire
que tu fais bien ton travail. » [Oui je fais de la psychologie avec ma
chef…]
En sortant de l’entretien dans ma
tête : « Ces américains alors ! Ils prennent tout trop au
sérieux ! Qui n’a jamais reçu une lettre d’un employé feignasse ou
incompétent, se plaignant des conditions de travail ? ». Oui parce
qu’il y a une chose qui est sure ici, c’est que les chefs sont moins
autoritaires qu’en France. Les employés en France se plaignent souvent des
chefs par qu’ils sont un peu sacrés et qu’on doit faire ce qu’ils disent sans
rechigner. Ici, c’est plus égalitaire… c’est peut-être pour ça… en tout cas moi
ça me choque, que les chefs soient choqués d’être critiqués ou d’être accusés
de faire du favoritisme…
- Épisode numbeur zri : au barbecue annuel organisé par l’entreprise :
Moi et une collègue en train de discuter
et de siroter notre Cabernet-Sauvignon de la marque Le Yéti (oui, nous on boit
du vin Château Machin, les américains, eux, boivent du vin qui s’appelle Le
Yéti avec un dessein de l’emprunte du pied du yéti sur la bouteille… c’est
comme ça…). Un peu bourrée… elle se confie :
MOI : [Toujours dans le monde
enchanté de Candy] « C’est sympa ce petit barbecue avec les
collègues ! Il faudrait faire ça plus souvent ! »
ELLE : « Oh tu sais, depuis le
coup de la lettre ! Moi je suis tellement choquée ! En plus c’est moi
qui suis visée ! Comme je suis très copine avec notre chef ! C’est
vrai que j’ai plus de vacances que les autres, mais c’est parce que je suis
dans l’entreprise depuis plus longtemps ! »
MOI : « Ah, bon ? C’est
complètement débile ! »
ELLE : « Oui, mais tu comprends,
ça me perturbe beaucoup ! »
MOI : « Oh ! Mais tu ne
devrais pas ! Toi, tu fais ton boulot et c’est tout ! Si les gens
sont jaloux et médisants c’est parce qu’ils savent qu’ils ne travaillent pas
aussi bien ! » (Oui, je fais aussi de la psychologie avec mes
collègues !)
En partant dans ma tête :
« Qu’est-ce qu’ils sont sensibles ces américains ! Les jalousies
entre collègues, c’est un classique ! »
- Épisode numbeur for : Avant-hier
La journée se passe relativement bien,
tout le monde est content et tout roule au troisième étage de la maison (là où
se trouve mon service). Vers 3.30pm, j’ai rendez-vous avec le grand chef
indien, ma collègue et amie de beuverie à coup de vin de Château Pied du Yéti
et mon client José qui est amoureux de moi. Je reviens au troisième étage et là
je vois la DRH et son assistante remplir de grosses boites en carton avec tous
les effets personnels d’une de mes collègues… pire encore, la veste rose bonbon
de la collègue n’est plus sur le dossier de sa chaise (je crois que je ne vous
ai jamais parlé du sens singulier des américaines pour la mode).
LA SANDRINETTE : [qui commence à
peine à sortir du monde merveilleux de Mickey] « Ben… qu’est-ce que
vous faites ? »… oui, je sais, j’ai pas dit que j’étais sortie
complètement du monde merveilleux de Mickey… juste que j’étais en train…
ASSISTANTE : « Je suis en train
d’essayer de faire entrer cet objet dans cette boîte… »
LA SANDRINETTE : [qui d’un coup
semble être en train d’atterrir sur Terre…] « … … …» dans certaines
circonstances, il vaut mieux ne pas trop poser de questions…
E-MAIL de ma chef :
« Cher tout le monde,
X ne fait plus partie de notre entreprise.
Interdiction formelle de parler de ça pendant vos heures de travail. Aucun
ragot ne sera toléré. »
LA SANDRINETTE : [qui n’a pas atterrie
mais qui s’est crashée sur le
tarmac]:
!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ?????????????????? !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! ??????????????????????????????
E-MAIL à ma chef :
« Vraiment ??? C’est très triste ! Est-ce qu’on peut lui envoyer
au moins une lettre d’adieux ? »
CHEF : « Sandwine, tu peux venir
deux minutes ? »
MOI : « Euh… oui »
CHEF : « Si tu veux rester en
contact avec elle tu peux mais je ne te le conseille pas. Elle a fait beaucoup
de problèmes dans l’entreprise. Chef indien (bon, ça c’est moi qui l’appelle
comme ça) est quelqu’un de très connu et elle a mis son image en péril. Elle
faisait courir des rumeurs et n’arrêtait pas de ragoter ! »
MOI :
« !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! »
CHEF : « Mais ne t’inquiète
pas, ça ne t’arrivera pas ! Toi on t’adore ! Tu es sooooooooo
sucrée ! La DRH a dit que lorsqu’elle t’a convoquée, tu ne savais même pas
pourquoi tu étais là-bas ! (… Mickey Mouse quand tu nous tiens!...).
Au barbecue, tout le monde faisait la gueule (la figure pardon !... soyons
polis !), grand chef indien ne veut même plus les organiser ! (Et moi
qui disait à qui voulait bien l’entendre que c’était très chouette ce barbecue
et qu’on devrait faire ça plus souvent ! Qui me suis soulée au Pied de
Yéti et qui est partie la dernière, et cela parce que la DRH assistante
avait profitée de notre pose pipi pour nous retirer nos verres de Yéti, nos
cacahuètes et les chaises sur lesquelles nous étions assises….)… »
MOI : « Bah franchement, je ne
pensais pas que c’était si grave ! »
CHEF : « On ne vire pas les gens
comme ça ici ! On a passé les trois dernières semaines à ne faire que
ça ! J’ai beaucoup de travail en retard ! J’étais très très stressée
avec cette histoire ! Je ne sais pas si tu avais remarqué ? [parce
qu’elle, après tout ça, elle pense encore que je remarque des choses…]. Grand
chef indien est très déçu par notre département et c’est dommage parce qu’il y
a des gens ici comme toi qui sont très concentrés sur leur travail et qui sont
de très bons éléments dans l’entreprise ! [High Five la
Sandrinette !!!!!]».
ÉPILOGUE : Moi j’étais quand même
bien secouée par tout ceci ! Une collègue virée pour une raison mystérieuse,
traitée comme une paria, qui ne récupère même pas ses affaires et sa veste rose
bonbon elle-même… ça fait du chamboulement de méninges ! J’étais curieuse
d’arriver le lendemain au boulot pour voir la réaction des gens… ben vous savez
quoi ?... il n’y a pas eu de réaction… les gens étaient tous très contents
parce que c’était vendredi, une collègue a acheté de la bouffe mexicaine pour
tout le monde, une autre se foutait de moi parce que la dernière fois que
j’avais gouté ladite bouffe enveloppée dans une feuille de mais j’avais failli
me péter les deux dents du devant parce que je ne savais pas que la feuille de
mais ne se mangeait pas, beaucoup sont partis en avance pour profiter
pleinement du weekend, d’autres discutaient allègrement de tout et de rien
devant le bureau de ma collègue incroyablement vide et silencieux… plus de
veste rose bonbon sur la chaise, plus de bougie à la fraise, ni de ventilateur
senteur cannelle, plus de desseins gnangnan de sa fille de 10 ans, ni de jeux
stupides sur son écran…
Finalement, c’est à se demander si c’est
Mickey Mouse ou tout autre chose qui m’a masqué les yeux sur ce qui était en
train de couver dans ce département…