lundi 4 février 2013

Mythe number tou: Les américains sont riches…





Dans notre « Mythe number wane » nous avions démontré que, NON, les parisiens ne sont pas des peaux de vaches. Aujourd’hui, dans notre « mythe number tou », nous allons nous pencher sur un sujet très sérieux… le fric (c’est chic… ou pas) et les américains.


Le salaire des américains est généralement plus élevé que celui des français (je dis bien généralement… y’a qu’à voir le nombre de SDF, alcoolos, drogués, chtarbés et mecs louches qu’il y a dans les rues).
Mike a un pote électricien, il n’est pas à son compte mais il gagne 63 000 dollars par an, sa femme, elle, est infirmière en radiologie et elle touche environ 40 000 dollars par an… ça nous fait donc un total de plus de 100 000 dollars par an pour un couple avec deux enfants ! Pas mal, hein ? Bon évidemment dans ces 100 000 dollars par an, il va falloir soustraire les impôts (pas très élevés) et au moins l’assurance maladie qui coute la peau des fessiers et qui ne vous couvre qu’après avoir payé une franchise (de 3000 euros généralement). Rajoutez enfin 1600 dollars par mois pour la crèche !!!!!!!!!!… (vivent les mamies !).

Et pourtant, Mike mis à part (je crois que les 9 ans qu’il a passé en Europe l’ont rendu plus européen que les européens), je ne connais pas un seul américain qui ait des économies sur son compte en banque… les américains sont riches mais ils sont toujours fauchés ! Mystère, Mystère !

En fait, aux États-Unis, si on a de l’argent, on le dépense. C’est comme ça ! C’est-à-dire qu’en fin de mois vous vous retrouvez avec 0 dollar sur votre compte en banque, voir même – 500 dollars (ou pire). Si vous économisez de l’argent c’est qu’il y a une raison (je veux faire un voyage au Mexique, je vais donc économiser 1200 dollars en 6 mois pour payer les billets d’avion). On n’économise pas dans le but de… oui de… oui enfin parce qu’on ne sait jamais !

C’est fou ! Nous sommes dans un pays où tout peut vous arriver ! Ici on vire les gens sans préavis (vous arrivez un vendredi au travail, votre chef vous convoque dans son bureau et vous dit que ce n’est pas la peine de venir lundi matin…) et l’assurance maladie ne couvre qu’après franchise (encore faut-il avoir une assurance maladie…) et pourtant, presque personne n’a de l’argent de côté… Tout le contraire des européens qui sont assurés pour tout, touchent des sommes astronomiques quand ils sont au chômage, se rendent gratuitement chez les médecins ou à l’hôpital… mais ont les Livrets A bourrés à craquer ! Voilà donc un mystère irrésoluble ! Si quelqu’un a une explication qu’il parle maintenant ou qu’il… l’écrive dans les commentaires en bas de ce message !




Tout ceci étant bien théorique, je vous propose d'étudier trois cas pratiques que j'ai moi-même sélectionné dans notre entourage:



CAS PRATIQUE NUMBER WANE : Nos colocataires


Notre colocataire vivait en Floride où il était au chômage (il touchait les fameux coupons dont j’ai expliqué l’utilité dans un autre message... pour ceux qui ne veulent pas lire l'autre message, les coupons sont des "coupons", en French language, qu'on echange contre de la bouffe au Supermarket). Son frère, qui s’avère être notre autre colocataire, eut la brillante idée de le faire venir au Colorado et de lui louer la troisième chambre de notre maison… Voici donc Monsieur coupons qui se pointe, grâce à un billet d’avion payé par son frère (qui devait lui même 1200 dollars à Mike : caution + loyer du premier mois…), avec 200 dollars… en argent ?... non ! En coupons ! Ben au moins on ne va pas mourir de faim… Quelque jours plus tard, ouf ! Nous sommes sauvés ! Il déniche un travail de serveur. « pas génial » me direz-vous… mais rappelez-vous qu’ici on gagne vite beaucoup d’argent. Les serveurs ne peuvent peut-être pas se permettre des vacances à Honolulu mais ils peuvent couvrir facilement 340 dollars de loyer mensuel… enfin, ça, c’est ce qu’on croyait !

Quelques jours plus tard, Mike rentre à la maison après une dure journée de labeur qui lui permettra de remplir un peu plus son Livret A (qu’il s’est empressé d’ouvrir avant de déménager aux States… quand je vous dis qu’il est plus européen que les européens !). Il s’assoit sur le canapé pour se détendre (ou enlever ses chaussures… je ne sais pas, je n’étais pas là…), et là il tombe sur une facture qui indique « 200 dollars »… qu’est-ce ? Nos deux colocataires, ultra riches, comme vous avez pu le constater, ont trouvé intelligent… indispensable… important… super… d’investir dans… un vélo pour aller au travail ? Et bien non ! Raté ! Une pipe géante pour fumer du cannabis ! … … … … « Oui mais elle coutait 300 dollars au départ et ils ne l’ont eu que pour 200 !!! Eux, ils savent faire des affaires ! ».

Quelques jours plus tard, (encore une fois), le premier des frères, celui qui n’était pas au chômage en Floride, se retrouve au chômage au Colorado… youhouuuuuuuuuuu ! (Je précise qu’ici on ne touche généralement pas d’indemnités chômage… donc pas de travail = pas de salaire…) Et son frère, qui lui était au chômage en Floride mais qui ne l’est plus au Colorado, investit dans un accessoire indispensable… important… super… intelligent… de beaux vêtements pour être présentable au travail ? Et bien non ! Raté ! Une tablette numérique ! … … … … « Oui mais elle fait de superbes photos (et c’est d’ailleurs grâce à elle que nous avons pu vous montrer les maisons des voisins en feu !... alors on ne se plaint pas, hein ?).

Il y a quelques semaines, (vous voyez des fois on change), le premier des frères, celui qui n’était pas au chômage en Floride mais qui s’est retrouvé au chômage au Colorado, a retrouvé du travail (il gare les voitures d’un restaurant…)… ouf ! Et puis il y a quelques jours il a eu un accident avec la voiture de sa copine (sa copine ne veut plus vivre avec lui parce qu’il est trop irresponsable économiquement… ces filles alors !...)… 500 euros de franchise à payer… heureusement, personne ne l’a su à son travail (oui parce que pour un gareur professionnel de voiture, ça la fout mal !) et le deuxième des frères, celui qui était au chômage en Floride mais pas au Colorado, s’est retrouvé au chômage… au Colorado… … … …

Bon mais ne vous inquiétez pas, il vient finalement de retrouver un travail dans un restaurant… ah oui, mais c’est un peu loin… impossible d’y aller à pied… il n’y aurait pas quelqu’un pour lui prêter un vélo ?…

… à part ça, Mike et moi, nous allons investir dans une bonne assurance vie… parce qu’à ce rythme-là, on va finir par succomber à une crise cardiaque avant l’âge…      

CAS PRATIQUE NUMBER TOU : la famille de Mike


Je vous mets un exemple number tou parce que l’exemple number wane est celui de deux jeunes irresponsables. L’exemple number tou est celui de gens responsables… la sœur et le beau-frère de Mike…

Alors eux ils vivent dans les suburbs… c’est-à-dire, là où vivent les desesperate housewives :

 

Nous en reparlerons un jour… ils ont deux enfants et une maison immense sur trois étages avec deux pièces qui ne servent à rien… (dans une de ces pièces il y a un canapé blanc sur lequel il est interdit de s’assoir pour ne pas le salir… tout comme dans la cuisine il y a une table sur laquelle il est interdit de poser un verre pour ne pas l’abîmer… tout comme dans le placard il y a une poêle qu’on ne peut pas utiliser pour ne pas la rayer… bon je m’arrête là parce que sinon nous n’en finissons plus !). Ils ont aussi deux gros pickups qu’il faut escalader pour monter dedans et l’indispensable caravane pliante pour faire du camping…
 

 

Ah que vous ne connaissiez pas le coup de la caravane pliante !

Bon bref. Le mari est « manageur d’électriciens » et gagne quelque chose comme 100 000 dollars par an à lui tout seul… sa femme a décidé de laisser tomber sa belle carrière professionnelle pour élever ses deux enfants… en échange, elle travaille dans une cantine scolaire… travailler dans une cantine scolaire aux States, c’est comme être femme de ménage en France. C’est un métier très dévalorisé socialement (... on constate, au passage, le peu de cas que font les américains de la bonne bouffe). Elle le déteste ! Elle se sent mal dans sa peau, mal dans son corps et ne supporte pas les réflexions désobligeantes des enfants… changer de métier ? Non ! Elle veut que ses horaires coïncident avec ceux de ses enfants.

Vous me direz : « rien de particulier dans tout cela… ». Et bien figurez-vous que si ! Si la sœur de Mike se lève tous les matins pour faire un travail qu’elle déteste, bien en deça de ses capacités et de ses ambitions, ce n’est pas pour offrir un meilleur avenir à ses enfants, ou pour payer les factures d’électricité, ni même pour se permettre un petit restau en amoureux avec son mari de temps en temps, non ! Si elle fait ça, c’est pour acheter une caravane pliante, un canapé sur lequel on ne peut pas s’assoir, une table qui s’abime si l’on pose un verre dessus, refaire une cuisine ultra moderne et en excellent état parce qu’elle la trouvait trop petite ou acheter des robinets à 300 dollars pour le coin toilettes/lavabo du premier étage… et on se demande où le créateur de Desesperate housewives a trouvé son inspiration ?… on se demande aussi pourquoi ils (la soeur et le beau


frère de Mike) ne nous parlent plus... nous qui vivons en colocations avec deux chômeurs compulsifs et qui partons au travail à vélo, dans le seul et unique but de remplir nos livrets A et autres saving accounts… au cas où… oui… euh… non mais on ne sait jamais… Finalement, pris à l’envers, nos reflexes d’européens n’ont pas l’air beaucoup plus sensés... (enfin, quand même un peu, non?) 




CAS PRATIQUE NUMBER ZRI : La visite chez mon banquier


Mon banquier est un type bien ! Costar, cravate, jeune, beau (… euh… ne le dites pas à Monsieur Mike sinon il va falloir que je change de banque…) et super sympa ! (s’il y a des jeunes femmes intéressées, faites le moi savoir et je vous donne son numéro… au pire vous vous retrouverez avec un deuxième compte en banque aux USA). Oui mais voilà, parfois, moi et mon banquier, on ne parle pas le même langage :

- LUI : « Avec notre banque vous pouvez obtenir très facilement des crédits à la consommation pour acheter une télé par exemple ou des meubles »

- MOI : « Euh ! Vous savez, mon mari et moi, nous ne prenons jamais de tels crédits. Nous n’achetons des choses que si nous avons de l’argent. »

- LUI : « Waouh ! Vous devez avoir beaucoup d’argent de côté alors ! »

-MOI : (dans ma tête : ben c’est-à-dire que si tu n’as pas de télé, que t’achètes uniquement les meubles indispensables et généralement d’occasions, ben t’as pas besoin d’être Crésus non plus !) « Euh, je suppose… ».

- LUI : « Moi aussi j’aime faire des économies »

… plus tard dans la conversation…

- LUI : « Aux USA, il vaut mieux avoir une carte de crédit (pas de débit, hein !). Comme ça, quand vous allez faire vos courses, vous payez à crédit. Si vous remboursez tout avant la fin du mois, vous ne payez pas d’intérêts. Moi je fais toujours comme ça ! Je rembourse tout avant… oui enfin sauf à Noel parce que je fais des cadeaux à ma famille donc je rembourse après… »

- MOI : (il finit dans le rouge à cause des trois cadeaux qu’il a acheté à Noel et il trouve qu’il aime faire des économies ?...).

Le coup de la carte de crédit, pas de débit, c’est pour « construire son crédit »… qu’est-ce ? Aux States, il est tellement normal d’acheter à crédit que si vous ne le faites pas, les banques pensent que vous êtes un irresponsable, incapable de rembourser un crédit !... Vous ne comprenez rein ? C’est normal ! Aux States, chaque fois que vous empruntez de l’argent, signez un contrat de location, vous abonnez à l’SFR américain etc. ceci est répertorié et constitue, au final votre « crédit », c’est-à-dire, tout l’historique de votre capacité à rembourser de l’argent. Si par malheur il vous est arrivé de payer une facture en retard, vous perdez des points dans votre crédit. Si par contre vous êtes un bon payeur, vous gagnez des points… rien de grave sauf que Mike 1. A vécu 9 ans en Europe… pas la chance de payer un loyer ou les factures du portable pendant tout ce temps, 2. N’achète jamais rien à crédit… Son crédit est donc égal à 0… (Le miens étant encore plus égal à 0 puisque je n’avais jamais vécu aux States jusqu’à présent). Ceci veut dire que le jour où nous voudrons acheter une maison, la banque considèrera que nous risquons fort de ne pas rembourser notre emprunt… Résultat incroyable : nous devons absolument prendre une carte de crédit et tout payer avec (courses au supermarché et cheeseburger au MacDo inclus…)… il nous faudra tout rembourser avant la fin du mois afin de ne pas payer d’intérêts dessus… ainsi nous aurons un crédit très positif le jour où nous voudrons acheter une maison car la banque pensera que nous sommes de fabuleux emprunteurs !... Oui, Je sais ! C’est de la folie ! Et vous n’avez très certainement toujours rien compris !

La conversation avec le banquier se poursuit :

- LUI : « Comme vous n’avez pas encore de revenus, votre compte en banque devrait être payant… mais ne vous inquiétez pas car si vous ouvrez en même temps un compte épargne vous ne payez rien. Mais ne vous inquiétez pas car vous n’êtes absolument pas obligée d’épargner. Il suffit en fait d’envoyer 25$ en début de mois sur le compte épargne et il sera gratuit. Mais ne vous inquiétez surtout pas !!!! Ces 25$ seront envoyés automatiquement mais je vais faire une manipulation pour qu’ils reviennent automatiquement sur votre compte courant. Ne vous inquiétez surtout pas !!!! Vous n’allez même pas voir que ces 25$ sont partis puis revenus. Ils seront toujours disponibles alors ne vous inquiétez surtout pas !!!!!!! »

- MOI : « Ah ! Euh… mais ces 25$, moi ça ne me dérange pas qu’ils restent sur mon compte épargne… ce ne sont que 25$... ça me fera une surprise à la fin de l’année ! »

- LUI : « Ah bon ? Oui non, je vous dis ça parce qu’il y a des gens qui s’inquiètent parce qu’ils ont besoin des 25$, mais on peut les y laisser si vous voulez… de toute façon ne vous inquiétez pas !!!!!!! Parce que dès que vous en aurez besoin, il vous suffira de les retransférer À-TOUT-MO-MENT sur votre compte courant. » 

- MOI : « Oui, d’accord c’est très bien comme ça, comme je vous ai dit, ça me fera une surprise en fin d’année ».

-LUI : « Oui, c’est vrai que le compte épargne c’est très bien pour quand on décide d’économiser pour acheter quelque chose… »

-MOI : (je renonce à lui expliquer que si j’économise, ce n’est pas pour acheter quelque chose mais bien pour… euh… oui enfin… non parce que…bon ! Vous êtes tous européens je n’ai pas besoin de vous faire un dessin !)   

CONCLUSION : Il y a un truc très révélateur aux States… savez-vous (planter les choux…) comment dit-on « un compte épargne » en anglais ?... « saving account »… littéralement : « compte pour sauver de l’argent »… aux States, l’argent, il n’est pas économisé… il est rescapé !

1 commentaire:

  1. (oui je continue de remonter au fil de mes lectures dans ce blog, je m'amuse toujours autant :) ).
    J'ai entendu parler de ces "historiques" de crédit, j'ai eu la meme réaction au début "mais pourquoi acheter un burger a 2$ à crédit alors que je peux vous donner 2 billets de 1$?" Les us et les coutumes d'un pays sont parfois... éloignées des autres!

    J'essayerai de m'en souvenir pour ma future arrivée aux USA :D

    A+
    Karine

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