vendredi 21 décembre 2012

Le jour "J"


Lorsqu’on vous dit que vous allez être convoqué à l’ambassade américaine, vous imaginez quelque chose comme ça :

Un joli bâtiment avec un drapeau sur le fronton et des gardes en uniforme.

Quelle ne fut pas ma surprise lorsque, arrivée sur les lieux, je me retrouvai en face de Guantanamo ! Un complexe gigantesque, entouré de plusieurs rangées de grilles et des postes de contrôle à l’entrée ! Il ne manquait plus que les types en treillis avec leur kalachnikov et on se serait cru à Bagdad !

D’ailleurs, sur le plan parano ils font forts ! Dans l’enceinte de l’ambassade les téléphones portables, les lecteurs MP3, les clés USB et les coupes ongles sont interdits ! Moi j’avais soigneusement tout laissé à l’hôtel et ben bing ! Je passe aux rayons X et là ils découvrent un objet terrible, capable de vous provoquer une explosion par réaction en chaine, voir même une guerre civile : le CD de mon bouquin d’anglais ! (C’est vrai que les trois exos sur la third conditional s’apparentent plutôt à un message codé chinois…)

Enfin bon, à part l’incident du CD rien de grave à signaler. Je rentre et là, surprise ! Je me retrouve dans une salle immense avec un ticket qui indique W613 (comme chez le boucher) et des petits parloirs (comme à la billetterie de n’importe quelle gare de train). Je panique ! Moi qui suis déjà stressée par principe, je réalise que je ne vais pas pouvoir m’asseoir pendant « l’Interview ». Comment vais-je gérer la tremblote ?   

Je m’installe et j’observe. À la fenêtre 21 il y a une fonctionnaire qui n’a pas l’air commode du tout. Elle révise un dossier d’un air qui veut dire : « c’est quoi ce dossier de mer…credi ?... Ils croient quoi les gens ? Qu’on peut immigrer aux States comme ça ! ». Je prie (oui oui, je peux faire ça parfois) pour que ce ne soit pas le miens. Mes prières sont entendues ! Une femme d’environ 35 ans est appelée. Elle discute quelques minutes. La fonctionnaire semble dire : « non, non, non. Ça ne va pas, ça ne va pas ! Ce n’est pas possible etc. », plus elle fait « non, non » avec la tête, plus je pense à mon dossier… vont-ils me faire pareil ? Et là, tout d’un coup, ni une ni deux on entend : « DILIIIIING ! Nummer W-6-1-3, Schalter 21 »… c’est moiiiiiiiiiiiiiiii ! Ahhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! Ihhhhhhhhhhhhhhh ! Panique à bordddddddddddd ! Je rassemble mes affaires et j’y vais complètement paniquée ! Le type est super sympa ! Je me détends, il me demande juste de vérifier mes informations. Est-ce que je m’appelle bien Sandriné ? Est-ce que ma mère s’appelle bien Marie A-A-A-Adora-ra-ra… MOI : « Oui, Marie Adoracion » avec l’accent français (… essayons de ne pas créer plus de confusions qu’il n’en faut. Je suis déjà une française qui veut se marier avec un américain en passant par le consulat en Allemagne…). C’est facile ! Il prend mes empruntes qu’il trouve magnifiques (dixit) et c’est fini ! Maintenant je n’ai plus qu’à attendre…

Voici les brioches allemandes
en forme de cochon
pour ceux qui
ne me croyaient pas
J’attends… J’attends… J’attends… plus j’attends, plus je me rends compte qu’il n’y a qu’un seul type qui fait passer les entretiens : fenêtre 17… et plus j’attends et plus je me rends compte que depuis que j’attends, le numéro W607 est le seul à être passé et est encore collé à la fenêtre 17… donc en gros c’est une ½ heure pour chaque numéro… euh pardon !... personne,… et nous en sommes au numéro W607… ça fait donc 5 personnes devant moi… ah oui… ben heureusement que j’ai discrètement glissé un petit cochon en brioche dans mon sac pendant que je prenais mon petit dèj' à l’hôtel. (Comme toutes, ou presque, les brioches allemandes, c’est cossu, mignon mais c’est vraiment dégueulasse ! cf: photo). Je constate aussi que les autres femmes sont venus avec, au choix, un mari/fiancé américain, ou un bébé… ça leur fait quand même vachement plus de preuves que moi ! Les bébés commencent d’ailleurs à péter un câble après 45 minutes… c’est-à-dire qu’il n’y a pas grand-chose à faire… Puis il y a ce couple qui tout d’un coup est appelé à la fenêtre 17. Le fonctionnaire demande à voir l’enfant… (et là je panique… alors eux ils ont un enfant à montrer au consul et moi j’ai… un contrat de location écrit à la main, une vingtaine de photos non datées et des extraits de comptes en banque… ben on a pas l’air con !). Le bébé, qui n’a évidemment pas compris la portée de l’évènement, s’amuse à faire coucou et high-five au consul en cravate au travers de la vitre ! Et là j’ai finalement pas tellement regretté ne pas avoir de bébé…

Sans prévenir, alors qu’on en était au numéro W610, le numéro W612 est appelé… ahhhhhhhhhhhhhhhhh ! C’est à moi aprèsssssssssssssssssss ! Ihhhhhhhhhhhhhhhh ! Ahhhhhhhhhhhhhh ! Je ferme mon livre d’anglais, dépourvu de CD, que de toute façon je n’arrivais pas à lire ; je revérifie pour la 50 millième fois que tous mes papiers sont en ordre ; je mets mon sac sous le bras droit et mon manteau sous le bras gauche ; j’arrête de respirer (c’est un réflexe quand je suis stressée…) ; tous mes sens se mettent à l’affût ; mon cœur s’emballe et… (Après 30 minutes)… « DILIIIIING ! Nummer W-6-1-1, Schalter 17 », je me lève d’un bon par réflexe et… je me rassois puisqu’ils ont finalement appelé le numéro W611 qu’ils avaient oublié avant… Ah bravo ! On recommence !!!!!

C’était terrible ! Le type à la fenêtre faisait de grands gestes et « non, non » avec la tête. On entendait la dame dire des choses en faisant de grands gestes aussi. Elle feuilletait dans son dossier et montrer des documents complémentaires… tout ce petit cinéma a bien duré 30 minutes puis le consul lui a finalement donné le fameux papier jaune… le papier jaune c’est un papier qu’on vous donne quand votre visa est refusé… et là je me suis dit qu’ils avaient laissé les « refusés » pour la fin…. Je suis tellement traumatisée que j’en oublie d’arrêter de respirer !

« DILIIIIING ! Nummer W-6-1-3, Schalter 17 » aaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!! C’est à moiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !!!!!!!!!!!!!! ahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! Je me lève d’un bon, mon manteau tombe, j’hésite à le laisser parterre, finalement je le ramasse et je vais au guichet 17 avec mon écharpe qui traine parterre… j’arrive, je n’ai même pas le temps d’installer mes affaires sur le présentoir, « ni bonjour, ni mer…credi » comme on dit en français et :

Le type en cravate : « Comment se prononce votre last name ? »

Moi : (J’hésite une demi-seconde, je confonds toujours mon first et mon last name…) « DRUON ! D_R_U_O_N »
Le type: "Levez la main droite (euh! attends! droite c'est celle avec laquelle on écrit... donc... oui,c'est bon!). Jurez-vous que toutes les informations contenues dans ce dossier et toutes celles que vous allez donner au cours de cet entretien sont exactes?"
Moi: (avec la main droite, celle avec laquelle on écrit, levée) "Yes... (Yes, I do?... yes, I am?... yes, I will?...???? bon ben yes tout court ça ira!)
Le type : « Où avez-vous rencontré votre fiancé ? Quel était son travail à ce moment ? Êtes-vous déjà allée aux USA ? Quand êtes-vous allée aux USA ? (les questions s’enchainent et se répètent parfois avec un rythme incroyable. Le type semble ne pas écouter les réponses et ne fait que penser aux questions qu’il va me poser) Pourquoi vous avez fait votre demande ici ? »

Moi : (là pour le coup je ne comprends pas la question… pourquoi je demande mon visa ici ? vous n’êtes pas l’ambassade des États-Unis peut-être ? D’habitude les gens demandent leurs visas chez la boulangère ou à la sécu?) « I’m sorry ? »

Le type : « Pourquoi avez-vous fait votre demande de visa en Allemagne alors que vous êtes française ? »

Moi : (ah! OK !) « parce que je vis et je travaille ici »

Le type : « Quand est-ce que votre petit ami est parti ? Quand êtes-vous allée aux USA (bon c’est bon, il va me la poser combien de fois celle-là ?) ? Que faites-vous comme travail ? Quand êtes-vous allée aux USA ( !!!!!!) ? Quel travail exerçait votre fiancé en Allemagne ? Quand a-t-il quitté l’Allemagne ( !)?

Et là tout d’un coup sans prévenir, le type qui avait plus l’air d’un robot que d’un être humain et qui ne m’avait pas regardé une seule fois dans les yeux depuis le début, affiche un énorme sourire et me dit : « CONGRATULATIONS ! Votre demande de visa a été « approuvée » ! Vous recevrez votre visa dans une dizaine de jour à votre domicile. CONGRATULATIONS pour votre mariage et bonne chance aux USA ! »

Moi : (dans ma tête : iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh ! iiiiiiiiiiiiiiiihh !!!!!!!! iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!!!!!!!) « Thank you !.... yes… Thank you !....yes, yes…. Thank you…. Have a nice day too…. Thank you…..” (iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh)

Conclusion de l’histoire: iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiihhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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