lundi 16 février 2015

Corporate America, ou comment je sens que ça va finir à coup de tartes….


Alors pour ceux qui ne parlent pas l’Américain, « Corporate America » c’est ces grandes entreprises ricaines qui font le succès dudit pays et où toute personne, avec un minimum d’ambition, doit mettre le pied au moins une fois dans sa vie. Mais attention, pour obtenir le qualificatif « corporate america » votre Nationale ou multinationale doit répondre à une série de critères bien définis :

1. Vos locaux doivent être situés à perpette les oies pour diminuer le coup foncier. Vos employés quant à eux, doivent, au choix, être coincés dans les embouteillages matin et soir pendant au moins 30 minutes, ou habiter dans une des maisons des quartiers spécialement conçus pour eux. Comme votre maison est exactement pareil que les 150 autres, si un jour vous rentrez bourrés, il vous faudra dormir a Ibis ou au formule 1 à moins que vous aillez accroché un fanion rouge à votre porte d’entrée pour la reconnaitre. Moi j’ai choisi l’option trafic qui est la plus salutaire. L’autre comporte une série d’obligations qu’une fraiche expat n’aurait pas pu supporter. En effet, pour vivre dans un quartier « ouvrier » à col blanc il faut : a) ne pas utiliser vos jambes plus de 2 minutes 30 par jour. Les pieds des gens des « suburbs » servent à actionner la pédale de frein et l’accélérateur de leur voiture automatique, pas à aller acheter le pain au supermarché du coin qui se trouve à 25km.  B) Vous enfermer dans un gymnase pour marcher sur des machines après avoir passé votre journée enfermés dans votre cubicule. Le gymnase étant subventionner par votre entreprise, parce que [slogan numbeurre uane] « votre entreprise se soucis de votre santé, YEAHHHH ! »… (oui parce que c’est eux qui paient votre assurance santé…). C) Allez dîner dans un restaurant qui est aussi une multinationale avec exactement les même succursales tous les 10kms… Vous serez bien entendu, entourés de gens comme vous, voir de vos collègues ou de vos voisins de machines de gymnase, ou de vos voisins tout court.  Attention, il est absolument interdit de manger avec eux… dans les suburbs, on ne copine pas avec les gens. D) Ne parler que de sport. Tout autre sujet est absolument tabou. Il vous faudra également porter le maillot de votre équipe de football américain lors des matchs importants. N’oubliez pas d’assortir votre famille toute entière aux couleurs de l’équipe, voir votre chien. Ceci n’est pas un conseil mais une obligation. Ne pas s’y soumettre vous fait risquer votre place tant prisée dans les suburbs….

2. Le deuxième critère qui fait de votre entreprise une multinationale « corporate America », est que vos employés ne savent parler que de sport et du travail. Les employés vivant dans les suburbs n’ayant pas de vie privée, c’est facile.

3. Si vous comprenez ce que quelqu’un fait lorsque vous lui demandez ce qu’il fait comme travail, cet employé n’appartient pas à « corporate américa » :
Exemple 1 : « je suis secrétaire » = pas corporate America
Exemple 2 : « Je suis manager du groupe de support logistique de l’entreprise » = corporate américa
Mon exemple : « Je suis bilingual claim adjuster » = Corporate América. Ce que je fais ? Envoyer des chèques quand vous avez un accident de voiture, me faire engueuler par les clients parce que je ne les ai pas rappelés, me faire engueuler par les clients quand j’essaie de comprendre ce qui s’est passé dans l’accident, me faire engueuler par les clients parce qu’ils n’aiment pas comment on a réparé leur voiture, me faire engueuler par les clients parce qu’ils trouvent qu’ils ne sont pas du tout en tort dans l’accident, me faire engueuler par les clients parce que…. Tout ça bien entendu en anglais ET en espagnol (d’où le bilingue).

Enfin bref, dans mon travail, nous avons un très gros problème, il nous manque environ 70% d’employés pour pouvoir faire un travail correct. En gros, quelqu’un de normale peut travailler une moyenne de 3 à 5 accidents par jour. Super man pourrait en faire 6… nous, nous tournons à 8 à 10 accidents par jour. Donc en gros, si tu as eu un accident de voiture, que ta voiture est toute défoncée devant chez toi avec le radiateur qui fuit, que tu vis dans les suburbs comme tout le monde, que donc ton travail se trouve à 40 km de chez toi et que le supermarché le plus proche est à 25km, que évidement il n’y a ni bus, ni tramway puisque les transports publics ici c’est pour les pauvres, et bien ton sort dépend de si tu réponds au seul coup de fil que j’aurais eu le temps de te passer. Sinon tu devras me laisser 4 messages auxquels je ne pourrais pas répondre, laisser 2 messages à ma supérieur qui ne pourra pas te répondre non plus, prendre un avocat qui te volera tout l’argent qu’on te donnera (si tu arrives finalement à parler avec un être humain dans mon entreprise), t’arracher les cheveux parce que ça fait 3 semaines que ta voiture est devant chez toi avec le radiateur qui fuit, que tes voisins ont porté plainte, que tu as perdu ton travail parce que tu pouvais plus y aller, que finalement tu finis par parler avec une française avec un accent qui fait que tu comprends que la moitié de ce qu’elle dit, qu’à ce niveau-là, même comprendre que la moitié c’est mieux que rien, que la française elle transfère ton dossier au département des voitures qui partent à la casse, que le département des voitures qui partent à la casse il n’a pas que ça à faire alors il renvoie le dossier à la française mais sans la prévenir, tout ça parce que la française elle a pas vu que le devis n’était pas complet , que ça te prend 2 semaines de plus de pouvoir reparler avec la française, que la française elle a presque envie de te dire que « bon d’accord ça fait deux semaines que vous attendez que je vous rappelle mais sachez qu’il y a des gens ça fait 1 mois alors que bon… », que ton dossier est renvoyé au département des voitures qui partent à la casse, que ça prend encore 5 jours de plus d’obtenir l’autre partie du devis, que finalement on se rend compte qu’on peut réparer la voiture, qu’on finit par la transférer au garage du coin, que la française t’envoie le chèque mais que comme tu l’a pas reçu tu peux pas payer le garage, que le garage ne veux pas te rendre ta voiture tant que tu ne les as pas payés, que tu rappelles la française désespérée, que la française se rend compte que le chèque n’a jamais été envoyé parce qu’avant qu’elle n’ait eu le temps de l’envoyer elle a reçu 5 appels de 5 autres assurés désespérés et donc qu’après elle a oublié, que une fois que tu reçois le chèque c’est trop tard… tu t’es pendu…

Pendant ce temps, nous continuons à recevoir des formations pour nous apprendre à être gentils avec les clients… nous avons eu la réunion obligatoire du :
« Le challenge de la responsivité ! Réponds à ce coup de fil ! » : si je vous dis ce qu’ils ont fait, vous n’allez pas me croire… ils nous ont distribués des stickers bleu avec écrit : « Le challenge de la responsivité ! Réponds à ce coup de fil ! »… c’était pour les coller sur nos bureaux… après on a eu une réunion avec les deux grands chefs. Ils avaient plusieurs balles bleues dans les mains. Enthousiastes, ils ont demandé : « le challenge de la responsivité… qu’est-ce que ça veut dire pour toi ?! », puis ils ont commencé à lancer les balles et celui qui l’attrapait devait répondre à la question… il était évidemment implicitement interdit de dire : « éviter que les assurés se pendent ? ». Alors les gens ont dit : « répondre au téléphone ? », « excéder les attentes de nos clients ? », « être pro-actifs ? » (ne cherchez pas dans le dico, ça ne veut rien dire).
Voilà… c’est mon travail…

Il y a une solution très simple a laquelle personne apparemment n’a pensé, c’est qu’ils pourraient embaucher plus de gens. Certes ça coute cher mais : 1. Si t’embauches plus de gens, les assurés sont contents donc ils ne se pendent pas, donc  ils continuent à payer leur assurance = plus d’argent 2. Les employés sont contents donc ils ne quittent pas l’entreprise après trois mois de bons et loyaux services = on économise le coup de la formation (70% des « claims adjusters » bilingues (ou pas) sont nouveaux et n’ont rien à voir avec le métier… ce qui nous amène au point 3. Tes employés savent ce qu’ils font parce que ça fait plus de 4 mois qu’ils travaillent dans l’entreprise donc ils disent moins de conneries aux assurés…  = moins de cafouillages et de voitures abandonnés devant les maisons des assurés 4. Etc. etc.

La solution est simple… et pourtant…

II- LA SOLUTION DU CHEF :

Il y a quelques semaines, nous avons eu une réunion avec grand chef indien sans nos supérieurs. Le but ? Comprendre qu’est-ce qu’on peut faire pour améliorer la satisfaction des employés de l’entreprise et éviter qu’ils se fassent la malle. Notre chef a dessiné un tableau à double entrée comme celui-ci :



Identification

Solution
Problème
numbeurre uane


Problème
numbeurre tout


Problème
 numbeurre zri



 Nous avons eu les solutions suivantes :
1) oui ! les manageurs devraient nous féliciter plus souvent lorsqu’on fait les choses bien….
2) oui ! on devrait réinstaurer le jour de la tarte ! Le jour de la tarte c’est un jour où les supérieurs apportent une tarte pour la partager avec les inférieurs. Alors pour ceux qui, comme moi, croiraient qu’il s’agit d’une blague… il ne s’agit pas… il y a vraiment quelqu’un qui trouve que si on réinstaure le jour de la tarte au travail, les gens seront plus contents… ce quelqu’un a d’ailleurs appuyé son argument en disant qu’autrefois, avec le jour de la tarte, les gens étaient plus détendus et rigolaient entre eux pendant qu’ils mangeaient leur tarte…

Après une heure de discussion autour du jour de la tarte, j’ai levé la main et j’ai dit : « le seul problème qu’on a est qu’on a trop de dossiers, qu’on travaille 10 heures par jour plus le samedi pour rien parce qu’on aurait besoin de 72h par jour de toute façon pour s’en sortir et qu’on en peut plus» [Et même que j’aurais pu rajouter qu’ on part du travail avec de terribles migraines, et qu’on y arrive en pleurant dans sa voiture ; que mon visage a été complètement envahi par des boutons d’acné surgit à cause du stress ; que mon dos me fait mal ; que j’ai beau boire du vin avec les copines, patauger dans le jacuzzi pendant des heures, danser le flamenco comme une pègue toute seule devant le miroir… ben que je suis toujours aussi stressée, et que si ça continue, c’est moi qui vais aller me pendre avec nos clients]. Ce à quoi non seulement le chef mais mes collègues ont répondu : « il ne faut pas confondre le symptôme avec la cause… nous avons trop de dossiers par personne parce que les gens ne restent pas dans l’entreprise… »…. [non, ce n’est pas une blague…]
Après une réunion comme ça tu te dis que bon, même si ça n’a servi à rien, au moins ils essaient de nous faire croire qu’ils veulent faire quelque chose pour nous… et c’est une semaine après … pas 1 mois ; pas deux semaines ; même pas une semaine et demie plus tard ; non une semaine pile poil après la réunion de « comment faire pour contrôler le départ hémorragique de nos employés» que nous avons eu la réforme « du temps flexible »….

Qu’est-ce que le temps flexible ?

III- Le temps « flexible » selon mon chef :

Le temps « flexible » c’est… prendre les gens pour des c… !!!!!!!!!!!! ihhhhhhh !!!!! (Calme toi Sandrinette… vite ! coup de jacuzzi !!!! ou coup de tarte pour ma collègue !!!!) .
Alors le temps « flexible » n’a rien de flexible du tout puisqu’il est fixe et non négociable… fixe étant le contraire de flexible, même en anglais, le temps « flexible »… n’a rien de flexible du tout !!!!!!! ihihihihihi !!!!! (Sandrinette calme toi… vite ! coup de flamenco ! Ma collègue elle a déjà mangé la moitié de la tarte !).

Bon reprenons. Les États-Unis sont un grand pays au sens kilométrique du terme. Ce qui fait que si tu t’occupes des accidents de voitures de la Californie et que tu habites à Denver, tu quittes le boulot à 16h30 heure de Denver, 15h30 heure de la Californie. Donc c’est embêtant en terme de service au client… donc là je vais me reénerver… ça fait 3 mois que je travaille tous les purée de patate de jours de 8h du mat, heure de Denver, 7h heure de Californie, à 19:00 du soir heure de Denver, 18h heure de la Californie !!!!!! Alors tes purée de patate de calcules à la con…fiture tu te les ranges dans le panier !!!!!! 

Bon reprenons. Après la réunion du coup du jour de la tarte, nous avons eu une réunion du coup des heures « flexibles », au court de laquelle il a été fait très brièvement mention d’un e-mail qui nous serait envoyé pour savoir quelles heures « flexibles » nous « préférions ». Noyés au milieu des 50 e-mails que nous recevons par jour, presque personne n’y avait vraiment prêté attention…

IV- Vendredi : jour de la tarte

 Le vendredi suivant, ma supérieure, tout sourire, est arrivée en disant : « hey guys ! (Qui pourrait se traduire par : « salut les « amis »…. »). Alors c’est juste pour vous dire que les nouvelles horaires que vous avez reçues seront effectives à partir de lundi ». Or nous étions vendredi… C’est ainsi que nous avons découvert nos nouvelles horaires… 9h-17h30 tous les jours au lieu de 8h-16h30… et là je lui dis : « oui bon ça ne m’arrange pas du tout, je ne comprends pas pourquoi on ne m’a pas consultée…. » . La chef : « mais bien sûr qu’on t’as consultée ! On t’a envoyé un e-mail auquel tu n’as pas répondu ! ». La Sandrinette : « Oui mais je ne savais pas que si on ne répondait pas, vous nous donneriez les horaires que vous vouliez ! (la Sandrinette bien dégoutée) Bon ok mais le mardi je devrai partir une-demie heure à l’avance pour mon cours de flamenco. ». Ma chef : « Ah ça ce n’est pas possible ! Je ne peux pas faire une exception pour toi. Si je le fais, je devrai le faire pour tout le monde et ça ne va pas marcher. ». [La Sandrinette abasourdie] : « Non mais je ne vais pas arrêter mes cours de flamenco parce que je ne peux pas sortir une demi-heure à l’avance ! Ce n’est pas possible ! » [15 minutes de conversation plus tard]. Ma chef : « Je vais parler avec grand chef indien mais je ne te promets rien ».

Inutile de dire que les feignasses de notre bureau, eux, n’avaient pas oublié de répondre au fameux e-mail et qu’ils avaient écopé des meilleurs horaires…

Dégoutée je suis partie 1. Déjeuner 2. ben en fait j’ai pas eu le temps d’arriver au lieu du déjeuner parce que je me suis mise à pleurer avant… du coup j’ai fait quelque chose que jamais je pensais que j’aurais eu à faire… je me suis enfermée dans les toilettes et j’ai passé une demie heure à pleurer toute seule dans le lieu le plus glamour de l’entreprise…. (oui, je sais, c’est pathétique…)

Lorsque je suis revenue une heure plus tard, il était bien clair que je n’avais pas été la seule à avoir essuyé des larmes avec le papier toilette… non pas que les gens avaient des restes de papier toilette sur les joues, mais qu’il y avait une révolution au travail. Tout le monde était outré et se déplaçait de cubicule en cubicule pour mettre en place des stratégies stratégiques pour contrer le plan diabolique de grand chef indien. Non parce que je ne veux pas dire mais il y a des gens qui ont des enfants… alors comment qu’on fait si on doit aller les chercher à la crèche ? Tout à coup, je me suis retrouvée avec 5 personnes devant mon cubicule, plus remontées les unes que les autres : La Sandrinette [qui a fait partie d’un syndicat étudiant quand elle était plus jeune] : « Mes chers camarades (bon d’accord ca je ne l’ai pas dit) ! Il est clair que le jour est grave et que cette réforme a été décrétée en cachette et à notre insu. Le chef est dans son bureau ! Allons-y et obligeons-le à négocier ! Qu’un sang impure abreuve la moquette de notre cubicule !»… bon d’accord, j’ai juste dit : « Le chef est dans son bureau, pourquoi n’allons-nous pas lui parler tous les 5 en même temps ? »… toujours est-il que mon idée était encore plus révolutionnaire que celle qui se tramait au boulot ce jour-là, puisqu’il y a eu un gros blanc et qu’un des type, un des plus remonté m’a dit : « non, non, va-y envoie lui un message, moi je l’ai fait aussi et elle (une collègue) lui en a envoyé deux et comme ça, si tout le monde envoie un message il va voir que ça ne passe pas. »…. Les révolutions aux États-Unis se font, comme on peut le voir, mais pas trop quand même…

La stratégie du « mécontentement individuel » a finalement porté ses fruits puisque le projet de grand chef indien fut finalement suspendue jusqu’à nouvel ordre...

V- Le jour du nouvel ordre :

S’il y a bien quelque chose qui caractérise les chefs américains, c’est qu’ils sont cools et sympas ! Que quand ils arrivent, ils te disent « Hey guys ! », qu’ils nous portent des tartes pour qu’on soit contents, et qu’ils mettent des jeans le vendredi… pas comme nos chefs français, habillés en costard cravate qui te disent « Bonjour Monsieur Dupont. Où en sont vos dossiers ? ». Non, les chefs américains sont très cools… très cool oui, mais pas le jour du nouvel ordre…

Nous avons TOUS étaient convoqués dans la grande salle de réunion, les supérieurs d’un côté, les inférieurs de l’autre. [Tu sais que tu n’es pas en France quand tu te rends compte qu’il n’y a pas de CRS dans la salle]… connaissant les américains, je m’attendais à ce que le chef disent : « mes plus plates excuses, je ne savais pas qu’aller chercher les enfants à la crèche vous tenez tant à cœur… mais nous allons quand même instaurer les nouvelles horaires. ».

Et bien, non, pas du tout… nous avons eu droit à une feuille de papier sur laquelle nous devions inscrire notre nom, numéro d’identifiant et signature. Traduction : « Vous avez prétendu que vous ne saviez pas qu’on allait changer vos horaires, maintenant vous ne pourrez plus mentir… ». Tu fais ça en France et ta tête finie sur un piquet… pas aux États-Unis…

Pendant la réunion, il était interdit de dire certaines choses. Ceux qui ont essayé ont été soit ignorés, soit attaqués par tous les supérieurs en même temps. Parmi ceux-là, il y a eu la Sandrinette…
La Sandrinette : « avant de nous faire travailler ses horaires là, pourquoi ne règlerait-on pas le problème du manque de personnel ?». [Oui, la Sandrinette a des idées saugrenues....].

Les manageurs [tous en même temps] : « Mais c’est ce qu’on fait Sandwine ! On a déjà embauché 3 personnes de plus [et perdu 5… mais ça on ne le dit pas… 3 – 5 = -2 même en anglais]. Levez-vous ceux qui viennent d’être embauchés ! ». Et les 3 nouvelles têtes se sont levées… deux d’entre elles ont démissionnées depuis…

Nous avons donc décidé tous ensemble [« tous ensemble » = le chef] que nous travaillerions des horaires différents à tour de rôle. Ma semaine ressemble désormais à ça : Lundi 9h-17h30, Mardi 8h-16 :30, Mercredi 9h30-18h, Jeudi 9h-17h30, Vendredi 8h30- 5 tasses de café pour me réveiller, une aspirine pour le mal de tête, un Lexomil pour rester calme avec les clients et un antidépresseur pour pouvoir finir la journée… Inutile de dire que plus personne ne comprend rien à quand on est sensés quitter le travail, que notre horloge biologique ne s’active qu’au contact avec la caféine, que j’ai un collègue qui a fait des heures sup pendant 3 mois gratuitement parce qu’il n’avait rien compris aux nouvelles horaires, et que des fois quand on arrive à 9 :30, on se rend compte qu’on a raté une réunion parce qu’elles par contre commencent toujours à 8h, mais que ce dernier point n’es pas très grave vu la teneur de nos réunions…

Ce qui m’amène au point suivant. Votre multinationale n’appartient à « corporate América » que si toutes les mesures et réunions qui sont prises/organisées ne sont qu’une perte de temps et une insulte à l’intelligence…

VI- La réunion des post-it…

Un jour, j’ai été convoquée dans une réunion dont personne ne connaissait la teneur… Il y avait à peu près une dizaine de personnes qu’on ne connaissait pas et un type qui faisait le présentateur. Le type a commencé en expliquant que nous étions tous là pour identifier les problèmes que nous, « claims adjusters », rencontrons au court de notre travail et qui ralenti notre action… puis il a rajouté : « moi je n’ai jamais travaillé pour les assurances, mais j’ai des techniques pour vous aider à identifier les problèmes et les solutionnés… »…. C’est ce jour-là que je me suis dit que, peut-être, ça serait une bonne idée de faire un voyage au Tibet… il parait que les moines bouddhistes sont capable de détacher leur âme de leur corps quand ils méditent. Moi je crois que ça serait très utile de pouvoir envoyer mon âme à Cancun ou Bora Bora pendant que des espèces d’abrutis qui n’ont aucune idée de ce que je fais comme travail viennent m’expliquer comment solutionner mes problèmes du quotidien. J’ai pensé ca encore plus fort quand le type a commencé à dessiner le schéma suivant :

Réception du dossier ________ Investigation de l’accident + vérification de si l’assuré est assuré (ou si, manque de bol, il n’a pas payé sa dernière mensualité) __________ envoie du chèque ______ fermeture du dossier.

Ça lui a quand même pris une demi-heure de dessiner un truc pareil…. En même temps, on ne peut pas lui en vouloir, c’est sa première fois dans les assurances…. Après ça donc, tout le monde était pantois et se demandait ce qu’on pouvait bien faire là… Un de mes collègue a osé un : « je ne vois pas très bien où vous voulez en venir là… ». Le type, loin d’être déstabilisé, a rigolé ainsi que tous les autres types dans la salle qu’on ne connaissait pas. « Vous allez voir, vous allez comprendre ». Il nous a ensuite distribué des post-its sur lesquels nous devions marquer tous les problèmes rencontrés quotidiennement au court du susmentionné schéma…. un problème par post-it… le tableau a très rapidement été recouvert de post-its et de ratures en tout genre… en effet, le type s’est très vite rendu compte que notre travail ne comporte pas quatre étapes mais deux cents cinquante. Il a donc dû raturer, redessiner, superposer et envoyé des flèches vers le bas, les faire remonter, pour finalement les faire revenir sur certaines étapes. À la fin, notre travail semblait encore plus difficile qu’il ne l’est déjà…

Nous n’avons plus jamais entendu parler du type des post-it…

VII – Les super héros de l’attention au client, ou le summum de la connerie a-t-il était atteint (enfin)?

Comme ça faisait longtemps qu’on n’avait pas de réunion, les chefs ont décidé de frapper fort ! Nous avons tous donc reçu un e-mail dans lequel il y avait Superman, Batman, Spiderman, et d’autre super héros de notre enfance…. Le thème de la réunion : nous sommes tous les super héros de l’attention au client…. Mon collègue qui a découvert le mail en même temps que moi m’a dit : « t’as vu cette nouvelle réunion ? »… La Sandrinette : « … bon… je vais aller prendre le quatrième café de la matinée… si à mon retour tu à l’audace de me rappeler le coup de la réunion, l’entreprise perdra un employé de plus… »… Après quelques jours, nous avons reçu des informations complémentaires de notre manageur. « Chaque équipe va choisir un super héros ! Nous allons décorer nos bureaux avec des images dudit super héros et… [et ben rien parce que c’est tout]… ». Notre équipe est allée encore plus loin puisque notre manageur a acheté des T-shirts pour tout le monde et a repassé des photos de super héros dessus. Le jour de la réunion, nous étions tous donc déguisés en super héros… ben vous le croirez ou pas, c’est nous qui avons gagné le concourt de l’équipe qui a le mieux décoré « son bureau » parce que, a dit le chef, faire de chaque employé un super héros, c’était une super idée…. Et nous, les super héros, on va prendre un super Lexomil, pour éviter de faire une super dépression, voir d’envoyer des super claques à nos super supérieurs…  

Voilà où nous en sommes… entre temps, donc, le fameux jour de la tarte a été réinstauré… une fois… parce que oui, les tartes du coup ne sont pas du tout passées. Malgré les invitations répétées de nos manageurs : « je vous rappelle que les tartes sont à côté de la photocopieuse et n’attendent que d’être mangées », personne n’y a touché… il n'y a donc plus jamais eu de tartes.... je crois que les manageurs ont senti le danger...

11 commentaires:

  1. Euh.. j'ai lu tes péripéties jusqu'ici, et je n'ai pas trouvé de réaction
    "compassion". Néanmoins c'était le but de la démarche...
    Je me réjouis d'arriver dans une boîte internationale sous peu^^

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    1. Bonne chance dans la boite internationale! Je sens que je vais vous envoyer mon CV d'ici peu....

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  2. Alors la Sandrinette chapeau ! Je suis en train de perdre mon temps à lire ton blog (au lieu de traîner sur FB...), et je suis pliée de rire.
    N'empêche que sous l'humour, il y a beaucoup d'infos, et je les mets dans un coin de ma tête, puisque j'ai demandé, moi aussi à être expat...mais comme enseignante, alors si ça se trouve ce sera pire...
    Merci en tout cas, j'ai bien ri...

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    1. Alors si tu arrives a devenir enseignante aux states, j'exige (!) que tu écrives un article sur tes péripéties! Ca sera le plus rigolo de tous les articles! J'ai failli bosser comme instit dans une école ici!

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  3. Alors là, je suis morte de rire. Je vois que la mentalité, les trucs et tours de passe-passe n'ont pas changé. Même ambiance et même cirque dans la boîte où je bossais (une multinationale mais au centre-ville de Denver avec garage payant, bien sûr), on m'a virée il y a plus de 10 ans et je vois que c'est toujours pareil. Bonne continuation et surtout, bon courage !

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  4. La vache!!!! C'est hallucinant ce que tu racontes (et tourné de façon drole donc c'est génial!)! J'adore les solutions proposées par la boite et le monsieur post-its....
    Que de la poudre aux yeux!

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  5. Bonjour,

    Je me permets de vous écrire car j'ai besoin de vous :).
    J'ai cru lire que vous êtes venu aux USA avec un visa de fiancée.
    Pour ma petite histoire, je cherche à m'expatrier également au Colorado pour rejoindre ma petite amie Américaine :)...
    J'aimerais échanger avec vous (si vous le souhaitez ;) ) pour obtenir quelques informations utiles et pratiques.

    Voici mon adresse mail: Chevalme.kevin@gmail.com

    En espérant vous lire ;).

    Merci d'avance

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  6. La Sandrinette, vraiment vous devriez en faire un bouquin, c'est tellement drôle !
    Nous nous apprêtons à nous expatrier en famille avec ados auriez vous un conseil ? ou un contact ? Merci d'avance et surtout continuez votre blog c'est top.

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  7. Bonjour sandrine,
    J'ai bien aimè ton blog.
    Moi je suis tunisien et j'ète sélectionner dans la lotterie de la green card 2018 donc je suis entrain de planifier mon voyage et j'ai pas encore choisi ou je vais vivre exactement aux usa j'hésite encore entre LA et Denver.
    Je voudrais que tu me donne un peut d'infos sur Denver (le rythme de vie, la culture, le cout de vie, le travail...) et un peut des conseils.
    Merci.

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  8. Moi comme ça je dirais qu'il vaut mieux s'installer à Denver plutôt qu'à Los Angeles. Le coût de la vie à LA est très élevée, alors qu'à Denver les prix sont encore raisonnable (sauf l'immobilier). Je suis allée à LA deux fois, j'ai bien aimé la plage (...), par contre nous avons passé la moitié du séjour bloqués dans des embouteillages monstres! Je préfère la vie calme et paisible de Denver. Les gens sont très décontractés. Mais bon, ce sont mes préférences, peut-être pas les vôtres! Je viens d'une petite ville dans le sud de la France alors forcément, les grandes villes m' insupportent!
    PS: J'ai fait le tour de la Tunisie il y a quelques années et j'ai adoré!

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